Les immigrés dans les Etats du Golfe sont les premières victimes de la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19). Sous prétexte de lutter contre le virus, certains gouvernements des monarchies pétrolières préparent des opérations de rapatriement des travailleurs.
Ainsi, le Koweït a mis en place un plan pour expulser la main-d’œuvre en situation irrégulière, moyennant quelques «avantages», tels la gratuité des billets d’avion et l’exonération de paiement de pénalités conséquentes de la présence à l’émirat sans carte de résidence.
Le ministère Koweïtien de l’Intérieur a, d’ailleurs, pris en charge les frais de logements et de nourriture des immigrés en attente de les renvoyer chez eux. Les Egyptiens, les Indiens et les Philippins sont les premiers concernés par cette politique de durcissement, indique Alaraby, média qatari basé à Londres.
Prétextant du grand nombre dans les rangs des étrangers testés positifs au coronavirus et son éventuel impact sur le système sanitaire, le Koweït entend régler son déséquilibre démographique, sachant que les étrangers représentent 3.3 millions personnes contre 1,45 million pour les Koweïtiens.
Des députés locaux appuient le projet gouvernemental. Avec le Covid-19, ils exigent désormais de l’exécutif de procéder graduellement à l'expulsion des immigrés.
Une même politique pratiquée dans la majorité des Etats du Golfe
Dans d'autres Etats de la région, les immigrés sont également condamnés à payer le lourd tribut du coronavirus. Au Qatar, et pour des considérations politiques, Doha a ciblé d’abord les Egyptiens. Et il en est de même pour les milliers de ses ressortissants ayant choisi librement de quitter l’Arabie saoudite pour rentrer chez eux et qui attendent depuis des jours, au port de Dabbah, que les autorités égyptiennes leurs affrètent des ferries.
A en croire des médias du Golfe, le Bahreïn et l’Arabie saoudite pourraient constituer une exception à la vague d’expulsion qui déferle sur la région. Manama a même lancé une campagne de régularisation des immigrés irréguliers. Une initiative qui répond à une proposition de députés qui visaient d’abord les femmes avant sa généralisation.
A Ryad, le roi Salman a ordonné à son gouvernement de proroger, en ces temps de pandémie, les cartes de résidence des étrangers et les visas de trois mois supplémentaires. Un exemple que le pouvoir à Abou Dhabi n’est pas prêt de suivre, menaçant de prendre des mesures de rétorsions contre les Etats qui s’opposent à son «initiative humanitaire» de rapatrier leurs ressortissants étrangers.
La semaine dernière, Human Rights Watch a alerté sur la situation «de nombreux travailleurs migrants, en particulier ceux qui sont sans papiers (…) ou qui ont fui des employeurs peu scrupuleux» et attendent leur expulsion dans des centres «surpeuplés et insalubres». Quelque 8 400 cas de coronavirus et 60 décès, principalement des étrangers, ont été signalés officiellement jusqu’à présent dans les Etats du Conseil de Coopération du Golfe, a souligné l’ONG internationale.