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Grand Angle

Mariages temporaires au Maroc : Du libertinage halal

Mariage touristique ou temporaire, facile ou missyar, orfi ou moutâa…  il s’agit là de diverses appellations de la même pratique qui a tendance à se propager dans les grandes villes du Maroc comme un peu partout dans les métropoles maghrébines.

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Entre deux péchés, faudrait-il choisir le moindre? Cette question est pour le moins agaçante pour Said El Kamali, jurisconsulte et conférencier à Masjid Es-sounna à Rabat. A en croire certains témoignages, certains Marocains (musulmans pratiquants) n’auraient pas longuement hésité à se laisser passer la bague au doigt et ce, dans le plus grand secret en se contentant d’un contrat manuscrit par le couple et avec la présence de deux témoins- amis. Il s’agit de ce que l’on appelle communément le mariage «orfi». Aussi, un mariage dit «missyar» (facilité) a-t-il tendance à se répandre, en catimini, dans certaines villes marocaines, à l’instar de Casablanca, Rabat et Marrakech. Celui-ci impose à l’épouse de renoncer partiellement ou entièrement à ses droits matrimoniaux (la pension, le partage des biens…) mais le plus souvent, dans les faits, le divorce ne tarde pas à s’annoncer. Car l’épouse finit par se plaindre de mener une vie séparée de celle de son mari qui a toujours eu le droit de se rendre chez elle, à toute heure du jour ou de la nuit uniquement pour assouvir ses besoins sexuels qu’ils jugent «licites».

Contrairement aux idées reçues, les histoires abracadabrantes de mariage «Orfi» et «missyar» ne sont plus l’apanage des feuilletons égyptiens et saoudiens. En Tunisie, la montée de l’islamisme et du salafisme a eu comme premier réflexe de «halaliser» le mariage temporaire. Conséquemment à cela, le mariage Orfi n’a pas tardé à devenir «le péché mignon» des jeunes couples ennahdaouis ne voulant pas tomber dans l’adultère. Chez nous, il s’est avéré d’après des rapports réalisés par le ministère du Développement, de la Famille et de la Solidarité que les cas les plus dénoncés au Maroc sont ce qu’on appelle communément «le mariage touristique». Il s’agit de plusieurs cas de mariages maroco-saoudiens ou maroco-émiratis suite auxquels l’époux disparait et l’épouse peine à décrocher le divorce justifié par l’absence du mari étranger. Après plusieurs dénonciations, les tribunaux marocains de la famille ont pu constater que le mari, le plus souvent, originaire d’un pays du Golf, se prête à ce mariage comme à un jeu, avec l’intention de ne le consommer que pour une durée limitée. «Il s’agit d’un mariage de moutâa (plaisir) avec une nouvelle appellation et une méthode plus dolosive » explique le jurisconsulte Said El Kamali.

Les parents montrés du doigt…

En effet, certains jeunes auraient tendance à fuir les nouvelles exigences et normes de la société marocaine en matière de mariage. A fortiori quand il s’agit de dots exorbitantes au moment de la signature de l’acte de mariage. «La grande responsabilité de pousser la nouvelle génération à sombrer dans le haram incombe essentiellement aux parents. Ces dernières années, les cérémonies de mariage exigent des sommes faramineuses. De même, certains parents demeurent très regardants sur le statut social du mari et attendent de lui qu’il se coupe en quatre dans l’optique de satisfaire sa dulcinée. D’où la propagation de ces formes de mariage qui semblent être plus ‘’gérables’’…»

Un concubinage «halal»

Si pour certains il existerait une union plus licite qu’une autre, la loi islamique ne badine pas avec le haram : «Le halal est évident et le haram l’est aussi», rappelle le savant en charia islamique. «Il n’y a qu’un seul mariage reconnu par la loi islamique. Il s’agit du mariage en bonne et due forme qui nécessite la présence de témoins et de deux adouls et qui n’exige pas de durée déterminée. Les autres formes ne sont pas différentes de l’adultère. Il s’agirait seulement d’un concubinage qui voudrait se ‘’halaliser’’», conclue le jurisconsulte. 

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