La plume de R. Fauroux donne le ton dans son préambule : «la discriminations vis-à-vis des Maghrébins et des Noirs, qu’ils soient français ou non, est, dans le domaine de l’emploi, largement et impunément pratiquée».
Le constat est aujourd’hui, comme hier dans les innombrables rapports établis sur la question, indiscutable. L’enjeu réside dans la capacité des différents acteurs concernés, l’Etat au premier chef, à apporter des réponses de nature à lutter efficacement contre ce fléau qui met injustement en marge de l’emploi un pan entier de la population française «issue» de l’immigration.
Le mythe républicain de l’égalité des chances, concept cher à De Villepin dont il ne cesse d’afficher sa fidélité, en prend pour son grade lorsqu’on sait, à la lumière des testings, qu’à compétences égales, un Mamadou ou une Rachida aura quatre voire cinq fois moins de chances d’accéder à un emploi donné qu’un Jean jacques ou une Françoise.
Le rapport constate que la charte de la promotion de la diversité, signée le 16 novembre 2004 à grands renforts médiatiques par une quarantaine d’entreprises importantes, «peine à prendre son envol».
Du côté de la répression, il fait état d’une action inopérante «en raison, principalement, des difficultés à caractériser l’intention délictueuse de l’auteur d’une discrimination».
C’est dire le fossé abyssal qui sépare les constats des réponses apportées !
Le rapport constate, par ailleurs, que «la communication n’a jamais été à la hauteur des enjeux», que «la mobilisation des pouvoirs publics a été tardive, celle du monde économique étant très récente», et rappelle le nécessaire «rôle d’entraînement de la puissance publique».
A ce sujet, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) déclare que «l’Etat et les pouvoirs publics se devaient d’être exemplaires dans leur propre politique de recrutement et de promotion».
Parmi les préconisations qui figurent sur le rapport, deux mesures phares : la technique des CV anonymes et le recensement ethnique dans les entreprises qui permettrait d’identifier les réfractaires de mauvaise foi.
En somme, la pile des rapports sur ces discriminations s’enrichit de quelques kilos de papiers de plus. Espérons que ce poids supplémentaire vienne à être la goutte qui fait déborder vase, et ainsi enfin pourrions-nous escompter des actions à la hauteur du phénomène.
Même si l’on sait que la culture des pouvoirs publics nécessite l’empilement de rapports avant d’intégrer certaines réalités sociales et enfin d’agir, il demeure difficile d’en accepter toujours le mécanisme tant ce fléau est prégnant dans notre société, tant l’inégalité des chances est manifeste à bien des égards et tant elle est révoltante lorsqu’elle est volontairement accentuée.
Et pour les discriminations à l’accès au logement ? Combien de rapports va-t-il falloir avant d’agir ? Que des immeubles insalubres dans lesquels on entasse les rejetés Mamadou et Rachida ne brûlent ?!
Mohamed Razane – Copyright Yabiladi.com
:: Rapport sur les discriminations ethniques dans le domaine de l’emploi [Format pdf]