La crise de l’emploi ne connait pas de répit dans le monde. Aujourd’hui 200 millions de personnes sont au chômage. Une personne sur trois n’a pas de travail ou vit sous le seuil de pauvreté, déplore le dernier rapport 2012 sur les tendances mondiales de l’emploi, un rapport de l’Organisation Internationale du Travail publié la semaine dernière. Pour l'année 2012, l'OIT s'attend encore à voir 3 millions de chômeurs de plus dans le monde en moyenne. Ainsi, pour assurer une croissance économique durable et maintenir la cohésion sociale, l’OIT affirme qu’il faudrait créer 600 millions de postes d’emplois sur 10 ans. Pour ce faire, l’OIT invite les gouvernements du monde à agir pour faciliter et encourager les investissements dans le secteur privé.
Premières victimes : les jeunes
Les premières victimes de ce chômage qui ne cesse d’augmenter sont les jeunes. En 2011, 75 millions de jeunes dans le monde, âgés de 15 à 24 ans étaient au chômage. Ce qui représente une augmentation de 4 millions depuis 2007, date du début de la crise économique. Ces jeunes ont trois fois plus de risques de se retrouver au chômage que les adultes.
En Afrique du Nord, les perspectives d’emploi ne sont guère plus optimistes. En 2011, le taux de chômage des jeunes de la région est de 27,1%. Le plus haut taux de chômage du monde.
Le rapport rappelle que la région a connu en 2011 les manifestations du Printemps Arabe durant lesquelles les peuples et surtout les jeunes de Tunisie, d’Egypte et de Lybie ont réclamé de meilleures conditions de vie et de ne plus vivre sous le joug de dictatures installées depuis des années. L’OIT rappelle que si ces jeunes sont descendus dans la rue, c’est tout simplement parce qu’ils n’avaient plus aucun espoir de trouver un travail à l’avenir. «Même si ces jeunes ont suivi de plus longues études que les précédentes générations, les offres d’emplois sont limités pour eux et leurs chances de mener une vie économiquement indépendante sont minuscules», souligne le rapport.
C’est ce manque d’opportunité d’emploi qui a entraîné un manque de confiance dans le gouvernement de la part de ces jeunes. Ces manifestations du Printemps arabe ont servi d’électrochoc au Maroc qui a adopté une nouvelle constitution l’été dernier. Cependant, elle n’a pas suffit à calmer les ardeurs de la rue et les jeunes marocains restent toujours frustrés de ne pas trouver de travail. D’ailleurs, l’immolation de 4 jeunes diplômés chômeurs ce mois-ci en est un exemple flagrant. L’un d’eux a d’ailleurs succombé à ses blessures.
De plus, les femmes ne sont pas épargnées par le chômage. L’OIT s’inquiète notamment de l’avenir de ses plus jeunes femmes. Leur taux de chômage atteint les 41%, le plus élevé également dans le monde.
En plus du chômage, l’OIT souligne que d’autres défis restent encore à relever dans la région notamment l’inégalité sociale, la discrimination des genres, l’exclusion et manque de transparence dans la prise de décision des autorités, des défis qui pourraient avoir un impact positif dans le secteur de l’emploi à long terme, s'ils sont relevés.
Les perspectives d'emploi de 2012 en Afrique du Nord avec Dorothea Schmidt, spécialiste de l'emploi chez la branche de OIT au Caire