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Grand Angle

Le Maroc sous-exploite ses ressources en or, en étain et en diamants

Ce n’est pas un scoop. Le Maroc n’a pas de pétrole dans son sous-sol. Cependant, en plus du phosphate, il possède également d’importantes réserves de minerais, comme l’étain, l’or ou des diamants ensevelies sous terre...de véritables trésors que le Maroc n’exploite pas assez.

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Aujourd'hui, nul n'ignore que le Maroc n'a pas de pétrole mais personne ne peut vraiment expliquer pourquoi.

«Si le Maroc n’a pas de pétrole aujourd’hui, c’est parce que la roche mère qui va donner du pétrole n’a pas subi la température nécessaire pour libérer de l’huile dans le sous-sol. A Tarfaya par exemple, la roche mère est aussi riche que celle des pays du Golfe mais les roches ne se sont pas transformées dans le temps», explique Abderrazak El Albani, géologue d’origine Marocaine contacté par nos soins.

Il enseigne actuellement à l’Université de Poitiers. En plus d’avoir découvert avec son équipe les plus vieux fossiles du monde au Gabon, Abderrazak El Albani connait parfaitement le sous-sol marocain.

«Les ressources minières du Maroc d'aujourd'hui sont liées à son histoire géologique, très riche et variée remontant à des miliions d'années et qui a permis d’avoir des accumulations minières», poursuit-il.

De l’or dans le Sahara

Et d’autres richesses, le Maroc en a en abondance. La première, et ce n'est un secret pour personne, sont les phosphates. Le royaume possède à lui seul les ¾ des réserves dans le monde, un élément chimique indispensable pour la fabrication d’engrais. Mais ce n’est pas tout. Le Maroc possède bien plus que cela.

Dans un dernier rapport, l’Observatoire de l’entreprise, organisme créée en 2009 et qui a pour objectif de mener des études pour les entreprises marocaines, passe au peigne fin les sols marocains.

«Certes, le phosphate continuerait à dominer les richesses minières du royaume avec 95% de la production minière globale. Toutefois, d’autres métaux et minéraux commencent également à se positionner en tant que segments prometteurs comme l’étain, l’or et les diamants», relève l’ODE. Un rapport détaillé dans l’édition d’aujourd’hui des Echos Quotidien. En effet, l’une des régions qui offre actuellement un formidable potentiel en or est le Sahara. «Lors de sa prospection au Sahara, la société canadienne d’exploration minière Metalex a dévoilé l’existence d’une grande quantité d’or ainsi qu’un vrai potentiel en matière d’uranium et de gisements de diamants» relate les experts de l’ODE.

En ce qui concerne l’étain, ce métal gris argenté se trouve en abondance à Achemmach dans la région de Meknès. C’est d’ailleurs l’une des plus importantes réserves au monde. D’ailleurs, Kasbah Resources, une société australienne est déjà sur le coup, rappelle les Echos, puisqu’elle dispose d’un contrat de recherche et d’exploitation qui lui permettrait de produire entre 4000 à 6000 tonnes d’étain dès 2013.

«L’étain a de l’avenir, beaucoup plus que le pétrole car on l’utilise partout notamment dans la fabrication des composants électroniques pour l’automobile. Les premiers producteur dans le monde sont les Chinois», explique Abderrazak El Albani. Mais en plus d’être premier producteur, la chine pourrait également devenir un potentiel acheteur de l’étain marocain, souligne le journal, la Chine qui voit ses réserves en minerais baisser. 

Convoitises internationales

Face aux richesses de son sous-sol, le Maroc attise les convoitises des grands groupes internationaux, à l'instar de Métalex et de Kasbah Resources.

«Pour l’heure, le secteur minier reste l’un des plus fermés à la concurrence étrangère afin de protéger les entreprises nationales.», relate les Echos.  «L’activité de recherche, de concessions et d’exploitations des matériaux de carrières, demeure soumise à l’autorisation de l’Etat et plus particulièrement de l’Office National des Hydrocarbures et des mines et la durée de l’autorisation d’exploitation ne peut excéder 4 ans, renouvelable 3 fois consécutivement», poursuit le journal. En 2010, 650 permis d’exploitation et 77 concessions ont été délivrés par le gouvernement , un nombre qui ne pénalise pas encore les entreprises marocaines, souligne les Echos.

Cependant, de son côté, Abderrazak El Albani craint que ces richesses minières soient trop exploitées par des sociétés étrangères et qu’elles ne profitent pas au final au Maroc. Il déplore également le fait que le gouvernement marocain ne fasse pas assez appel à des spécialistes marocains de l’étranger comme lui, pour que cette richesse marocaine soit exploitée par des Marocains.

«Je pense que le Maroc passe à côté de quelque chose. Certes, il est ouvert sur l’étranger mais il ne se retourne pas assez vers le potentiel des Marocains de l’étranger. Il y a des Marocains qui sont extrêmement bien formés et compétents dans ce domaine et qui travaillent au Canada, aux USA, en Allemagne ou en France. J’en connais certains qui seraient prêts à venir en aide au pays mais encore faut-il leur donner les moyens humains et financiers pour mener à bien ces prospections», conclut amèrement Abderrazak El Albani.

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