Clap de fin sur le festival de street art Sbagha Bagha. L’évènement s’est clôturé le 18 juillet dernier à Casablanca et a permis à quatre nouvelles fresques murales géantes d’orner les murs de la ville blanche. L’association EAC-L’Boulvart avait lancé, mardi 2 juillet, le retour du festival Sbagha Bagha à Casablanca pour sa 6e édition.
La première fresque a été réalisée par l’artiste marocain Majid El Bahar et se situe à l’intersection des boulevards Socrate et Ali Abderrazak, face au stade Mohammed V, indique l’équipe du festival dans un communiqué. La seconde a été faite par l’artiste espagnol Deih, au 1 rue Taounate, à côté de la polyclinique CNSS Ziraoui, dans le quartier Bourgogne. La troisième est signée de l’artiste polonais Ndwz, au 78 boulevard Anoual, à Derb Ghallef, tandis que la dernière a pris place au 8 immeuble Sghir, rue Mohamed Laaroussi, Place de la Victoire, par l’artiste italien Millo.
Enfin, les artistes Adam Belarouchia (Rabat), Omar Lhamzi (Agadir) et Othmane El Idrissi (Marrakech) ont réalisé une fresque collective à l’angle des rues Ahmed El Kadmiri et Madame de Sevigné, immeuble 9, au quartier El Batha.
Changer de regard sur les quartiers de Casablanca
Initié en 2013 avec quatre artistes marocains et quatre artistes étrangers, le festival est à l’époque l’une des rares expériences artistiques marocaines dédiées au street art, nous dit Salah Malouli, directeur artistique des festivals Sbagha Bagha et «Jidar, toiles de rue». «Quand on a lancé ce festival, c’était dans l’objectif de construire une scène locale, de donner une opportunité à toute une génération d’artistes qui s’intéressaient à ce type d’art, en leur octroyant l’espace et les moyens de s’exprimer dans leur ville», ajoute Salah Malouli. «On voulait tester, voir si ça allait intéresser des gens.»
Six ans plus tard, le directeur artistique se dit satisfait du feed-back. «Avant, on n’avait pas d’artistes muralistes. Aujourd’hui, on en a une dizaine», s’enthousiasme Salah Malouli. «Ça a aussi suscité des vocations chez d’autres artistes qui voient qu’il est désormais possible, au Maroc, de peindre des murs grand format. Certains artistes marocains se sont également fait connaître au sein de la scène locale grâce à leurs peintures.»
Le responsable souligne également la complicité des autorités locales et des pouvoirs publics, «sans qui l’organisation de ce festival ne serait pas possible». «Ils n’interviennent pas sur le volet artistique évidemment, mais ils nous fournissent du matériel, des nacelles notamment, et contactent les habitants des quartiers pour obtenir leur accord. Ils ont toute leur place dans la réussite de cet évènement.»
Quant aux quartiers qui voient certains de leurs murs revêtir des figures colorées en tout genre, Salah Malouli veut croire qu’ils en changent la dynamique. «A Derb Omar, où des artistes ont peint un mur, beaucoup d’habitants ont remarqué que ces peintures avaient changé l’ambiance. Ils sont contents de voir autre chose que des publicités, quelque chose de purement artistique, d’autant que les artistes ont l’intelligence de contextualiser leurs murs en s’inspirant du contexte local, afin que les habitants puissent se les approprier», ajoute le directeur artistique. Le tout dans l’espoir, en plus d’embellir la ville, de porter un regard différent sur les quartiers de Casablanca.