En 2013, le Conseil économique, social et environnemental estimait que «les évaluations ne permettent pas à ce jour de mesurer l’impact spécifique de l’INDH sur la pauvreté, la précarité, l’exclusion et de manière plus générale sur le développement humain». Aujourd’hui, le HCP, dans ses «Cahiers du Plans» parus le 20 mai 2019, propose une évaluation statistique de l’impact de l’INDH sur les conditions de vie en comparant les communes ciblées par l’INDH à celles qui ne l’ont pas été. Ses résultats montrent que l’INDH a porté ses fruits, contrairement à la dernière étude d’impact en date, menée par l’ONDH.
Abdeljaouad Ezzrari, chercheur à l’Observatoire des conditions de vie de la population au sein du HCP, a conçu «un indice composite de privation», c’est-à-dire un indice qui permette de mesurer le degré de privation d’une population dans les trois principaux domaines du développement humain : l’éducation, la santé et le revenu mesuré, lui, à travers l’accès à un logement décent, l’eau potable, l’assainissement, l’équipement ménager, etc. Cet indice permet de rassembler en un seul chiffre les résultats des différentes actions de l’INDH qui n’a pas seulement consisté à financer ponctuellement des «actions génératrices de revenus», mais également en l’amélioration de l’accès à différents services publiques : santé, éducation, réseau électrique...
«L’indice composite de privation a connu une baisse en termes absolus de 10,7 % soit une baisse de 11,5 % pour les communes ayant bénéficié de ces actions (de l’INDH: 403 communes rurales) à partir de 2005, 10,9 % pour les communes qui n’ont commencé à en bénéficier qu’en 2011 (299 communes) et 9,5 points pour les communes non ciblées.»
Le degré de privation se réduit différemment selon le niveau de pauvreté des communes
Ainsi, les conditions de vie des communes INDH se sont plus améliorées que celles qui n’étaient pas ciblées. Il peut cependant exister un biais statistique dans la mesure où comparer communes ciblées et non ciblées, revient à comparer des communes originellement très pauvres à d’autres qui le sont, en 2004, moins (en dépit de tous les problèmes de ciblage des «pauvres» rencontrés lors de la mise en œuvre de l’initiative). Il peut alors sembler logique que le degré de privation se réduise différemment selon que les communes, à la base, étaient très pauvres ou non. Toutefois, l’INDH semble avoir aussi réduit l’écart de conditions de vie entre les communes ciblées et non ciblées. Ainsi l’indice de privation des communes rurales ciblées étaient supérieur de 4,43 points en 2004 à celui des communes rurales non ciblées, contre 3,11 points, seulement, 10 ans plus tard.
«Une telle conclusion pourrait être confirmée ou infirmée grâce à l’utilisation des nouvelles techniques d’évaluation de l’impact des politiques publiques (méthodes d’appariement par le score de propension).»
Cette nuance est importante car la dernière étude en date menée par l’ONDH, publiée en mai 2016 sur la base de chiffres allant jusqu’en 2013, offrait des résultats assez différents. Elle constatait bien, comme le laisse penser l’hypothèse du HCP, une amélioration du revenu annuel moyen des ménages dans les zones ciblées de 21 % contre seulement 5 % dans les communes non ciblées entre 2008 et 2013. Par contre, sur la même période, le recul de la pauvreté multidimensionnelle (comme l’indice de privation, elle comporte plusieurs aspects au-delà du seul revenu) était plus important dans les communes témoins que dans les communes ciblées. Un constat en contradiction avec la mesure du HCP. Faudra-t-il attendre encore de nouvelles études pour mesurer pleinement toutes les dimensions de l’impact - et par là la véritable efficacité - de l’INDH ?