Moins d’un jour après les déclarations faites par le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, ayant accusé le mouvement Al Adl Wal Ihsane d’«alimenter les manifestations des étudiants en médecine et de les inciter à sécher les cours», la Jamaâ sort son artillerie lourde pour répondre aux accusations. Ce vendredi, les disciples de Mohamed Abbadi accusent le gouvernement de «[tenter] d’échapper à sa responsabilité de trouver des solutions équitables à un problème purement professionnel et académique».
Dans un long communiqué de presse parvenu à Yabiladi, la Jamaâ a estimé que «les autorités marocaines sortent de nouveau, d’une manière incitative et étonnante, et un refrain consommé, comme elles l’avaient fait lors des événements précédents, y compris les Hirak du Rif et de Jerada, pour accuser Al Adl Wal Ihsane d’être derrière la protestation des étudiants en médecine». Pour le mouvement, ces accusations représentent un «mépris pour une vaste élite de la société, représentées par les étudiants des facultés de médecine, de pharmacie, leurs familles et leurs enseignants, et une insulte à l’intelligence des Marocains et à leur conscience». Il s’agit aussi, ajoute le communiqué, de l’expression de «l’échec successif des autorités à résoudre les problèmes accumulés du pays dans tous les secteurs».
«Ces accusations sont perçues comme une tentative désespérée de dissimuler la confrontation ouverte entre les autorités politiques et économiques et tout un peuple à cause des résultats de leurs politiques improvisées et ratées. Nous dénonçons fermement cette position/farce des autorités du Makhzen qui tentent de déformer les faits et de porter atteinte à l’intelligence de l’élite de la société en accusant Al Adl Wal Ihsane.»
La mise à pied de trois professeurs dénoncés
Al Adl Wal Ihsane a, par ailleurs, dénoncé la mise à pied de trois professeurs des Facultés de médecine et de pharmacie. Des décisions qui «ne sont pas liées à la violation de leurs obligations professionnelles comme prétend le ministère, mais plutôt en rapport avec leurs activités syndicales, leur excellence académique et leur affiliation politique», fustige le mouvement.
Jeudi, lors du point de presse suite au conseil du gouvernement, le porte-parole de l’exécutif Mustapha El Khalfi a commenté la grève des étudiants en médecine, affirmant qu’il «y a des parties, notamment Al Adl Wal Ihsane, qui ont profité de cette situation pour atteindre des objectifs qui ne servent pas les intérêts des étudiants, pour les inciter» à sécher les cours. Sur un ton menaçant, Mustapha El Khalfi a affirmé que «le gouvernement n’hésitera pas à prendre les mesures légales en vigueur contre quiconque cherche à entraver le déroulement normal de ces examens».
Mercredi, le ministère de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a annoncé sa décision de mettre à pied trois professeurs : Ahmed Belhous (Casablanca), Ismaël Ramouz (Agadir) et Saïd Amal (Marrakech).
Les étudiants en médecine et en médecine dentaire sont en grève depuis le 25 mars, avec un boycott des cours théoriques et pratiques. Plusieurs sit-in et manifestations ont été organisés et ils ont boycotté les examens prévus depuis lundi 10 juin.