La décision du comité exécutif de la Confédération africaine de football de rejouer le match retour de la finale de la ligue des champions d’Afrique en terrain neutre prend, désormais, des proportions politiques.
Le chef du gouvernement Youssef Chahed n’a pas tardé à la commenter, affirmant depuis sa page Facebook, que les forces de sécurité de son pays sont «un exemple à suivre dans le monde. Celui qui met en doute la sécurité en Tunisie, doit assumer sa responsabilité. Salutations aux supporters de l’Espérance pour leur discipline lors du dernier match» ayant opposé leur club au WAC au stade de Radès.
اثر مهزلة الكاف :#تحية لقواتنا الامنية مثال يحتذى به
— Youssef Chahed (@YoCh_Official) June 5, 2019
في العالم ومن يشكك في امن تونس يتحمل مسؤوليته #تحية لجمهور الترجي علي انضباطه في المباراة الأخيرة #لن نسلم في حق الترجي وفي حق اي جمعية تونسية#التوانسة يد وحدة
Et de conclure son message en précisant qu’il ne «renoncera ni au droit de l’Espérance ni au droit d’aucune association tunisienne. Les Tunisiens sont unis».
Chahed réagit ainsi au premier argument du bureau exécutif de la CAF justifiant son verdict du 5 juin, qui a éludé le premier grief lié à la panne de la VAR.
«Les conditions de jeu et de sécurité n’étaient pas réunies lors du match retour de la finale de la Ligue des Champions de la CAF qui s’est tenu le 31 mai 2019, empêchant le match d’arriver à son terme.»
Une opération pour booster sa popularité en pleine année électorale ?
La sortie peu diplomatique de la part du chef du gouvernement tunisien suscite des interrogations : Chahed a-t-il le droit de s’en prendre aux décisions de la Confédération africaine de football ? L’immiscion du politique dans le sport apporte de l’eau au moulin du président de la CAF, Ahmed Ahmed qui a dit avoir subit des menaces. «Le président de l'Espérance de Tunis m'a menacé devant des témoins» a en effet affirmé le Malgache dans des déclarations à la presse.
Toutefois, Youssef Chahed est connu pour être un homme qui n’agit pas sous le coup de l’émotion. En témoigne son ascension politique depuis 2016. De «fils spirituel» d’Essebsi, il a fini par contraindre le «père» à annoncer sa retraite de la vie politique après les présidentielles de novembre prochain.
Par ailleurs, ce message intervient alors que le quadragénaire nourri de grandes ambitions politiques. Depuis le 1er juin, Chahed a désormais son propre parti : «Tahya Tounes», lancé en janvier dernier et qui entend prendre la place de Nidaa Tounes de son mentor, en net déclin.
La nouvelle formation a ses chances de figurer sur le podium des élections législatives d’octobre et de remporter les présidentielles de novembre de cette année. La sortie médiatique au sujet d’un match de football -opium du peuple- prend dès lors les contours d’une tactique électorale.