Mardi 14 mai, des drones lancés par les forces houthies au Yémen ont attaqué des installations pétrolières en Arabie saoudite. L’opération a suscité des réactions en cascades de la majorité des Etats de la Ligue arabe.
La Tunisie a été la première à exprimer, le même jour, sa «totale solidarité avec le Royaume d’Arabie saoudite dans toutes les mesures prises pour préserver sa sécurité, son intégrité territoriale et ses installations», indique le ministère tunisien des Affaires étrangères dans un communiqué. Et de qualifier l’opération des houthis d’«acte de destruction».
Pour mémoire, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed avait annoncé en décembre 2018, au terme d’un déplacement effectué à Riyad, que l’Arabie saoudite s’est engagée à accorder à son pays une aide financière et des investissements d’une valeur de 830 millions de dollars. Le 29 mars dernier à Tunis, les deux pays avaient en effet signé deux accords de coopération à l’occasion de la visite du roi Salman.
Le Maroc à nouveau sur la réserve ?
Dans le sillage de la Tunisie, la Mauritanie a vivement réagi. Nouakchott dit dénoncer les attaques «avec force» et condamne «avec les plus dures expressions les deux opérations terroristes qui ont visé la sécurité et la stabilité des deux pays frères, l’Etat des Emirats arabes Unis et le Royaume d’Arabie Saoudite», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères relayé par l’agence AMI.
Le voisin du sud n’a pas oublié d’inclure dans sa condamnation les «opérations de sabotages», du 12 mai, ayant visé quatre navires pétroliers dont deux tankers saoudiens au large des Emirats, sans faire ni victimes ni déversement de produits pétroliers en mer.
L’Algérie a exprimé ce matin «sa préoccupation quant à la succession d’évènements inquiétants dans la Péninsule arabe, lesquels ont pris un tournant dangereux après les attaques de drones ayant ciblé des infrastructures pétrolières près de Riyadh», précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé par l’APS.
D’autres pays de la Ligue des Etats arabes ont également dénoncé l’opération du mardi 14 mai des forces houthies, y compris la Jordanie dont les relations avec l’Arabie saoudite sont plutôt froides à cause de la question de la tutelle sur les lieux saints musulmans et chrétiens d’Al Qods.
En revanche et après quarante-huit heures du lancement de ces attaques, les premières du genre menées par les houthis depuis le début de la guerre au Yémen en mars 2015, le Maroc n’a pas encore réagi. Un mutisme qui rappelle celui que le royaume avait observé, en août dernier, lors des tensions entre l’Arabie saoudite et le Canada.
Et pourtant, en septebre 2016, Rabat était la première à condamner l’adoption d’une loi aux Etats-Unis autorisant les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à réclamer en justice des dommages à Riyad. Le même enthousiasme à se solidariser avec l’Arabie saoudite a été noté dans la crise entre Ryad et Téhéran sur le Hajj. Sans oublier que le Maroc avait, à maintes reprises, condamner les tirs de missiles balistiques houthis contre des villes en Arabie saoudite. Mais entre temps, les relations entre les deux pays se sont sensiblement refroidies depuis la montée en puissance du prince héritier Mohammed Ben Salman.