Pendant le mois de Ramadan, alors que les fidèles se privent d’eau et de nourriture du lever de soleil jusqu’à son coucher, une telle restriction peut s’avérer dangereuse pour les personnes atteintes de diabète. Elles peuvent ainsi rencontrer plusieurs difficultés, à commencer par l’hypoglycémie, qui se manifeste par une concentration basse de glucose dans le sang, ou l'inverse avec l’hyperglycémie, l’acidocétose (acidité du sang liée à l'accumulation de substances toxiques pour l'organisme, appelées corps cétoniques), la déshydratation ou une thrombose (caillot se formant dans un vaisseau sanguin et l'obstruant).
C’est pour ces raisons que les médecins spécialistes interdisent généralement à leurs patients diabétiques de jeûner pendant ce mois sacré. Zakaria Azouazi, médecin endocrinologue, spécialiste des hormones et du diabète nous explique qu’à l’approche du mois de Ramadan, les questions des diabétiques reviennent souvent. «Comme nous le savons, le diabète peut être de différents types. Le type 1 touche les personnes encore jeunes et qui nécessite des injections d’insuline alors que le type 2 touche généralement des personnes plus âgées», nous explique-t-il.
Mais si le type 1 n’est traité qu’avec des injections d’insuline, le diabète type 2 peut être traité «soit par un régime alimentaire, soit par des comprimés, soit par des comprimés en plus d’injection d’insuline ou encore cette hormone seule», poursuit l’endocrinologue.
«Les personnes atteintes de diabète type 1 et donc dépendantes de l’insuline ne doivent pas jeûner. Quant au deuxième type, les patients doivent consulter leurs médecins et effectuer des tests, notamment le niveau de glucose dans le sang lors des trois derniers mois.»
Un régime alimentaire et une surveillance quotidienne du taux de glucose
La décision de jeûner ou pas «doit être prise entre le médecin spécialiste et le patient» pour ne pas mettre en danger la santé de ce dernier», confie le spécialiste. Et même au cas où le patient diabétique est autorisé à jeûner, il existe toute une série de conseils et de mesures à prendre en compte. «Il doit d’abord mesure le taux du glucose avant le Ftour, donc le repas de rupture du jeûne, après ce repas et idéalement au moment des prières de Tarawih ainsi qu’avant le Shour, le dernier repas avant d’entamer le jeûne», poursuit Dr. Azouazi .
Le patient doit ainsi «inscrire ces résultats et les amener lors de sa consultation avec le spécialiste pour que ce dernier décide s’il lui autorise, ou pas, de continuer à jeûner tout au long du mois de Ramadan».
Avec ces tests, la personne atteinte de diabète doit aussi consulter son médecin traitant pour lui prescrire un «régime alimentaire». «Ce dernier aidera à ce que le taux de glucose dans le sang du patient reste au même niveau, sans augmenter ni baisser de manière significative pour qu’il puisse jeûner en toute sécurité», indique Dr. Azouazi.
Ce dernier met toutefois en garde concernant certains symptômes. «Si le patient atteint de diabète mais autorisé à jeûner constate que son rythme cardiaque augmente sans effort physique, s’il transpire beaucoup, s’il se sent très fatigué, énervé ou affamé, il doit mesurer le taux de glucose dans son sang. Et s’il constate que le taux est moins de 0,07, il doit impérativement rompre son jeûne car ce dernier serait un danger pour sa santé», conclut-il.