Le roi Abdallah II effectue une visite au Maroc les 27 et 28 mars. La tutelle hachémite sur les lieux saints musulmans et chrétiens à Al Qods-Est devraient être au cœur de ce déplacement.
Le souverain jordanien vient chercher l’appui de Mohammed VI, en sa qualité de président du Comité Al Qods, en vue de pérenniser et préserver son autorité morale contre toute modification qui serait la conséquence du «Deal du siècle» orchestré par l’administration Trump en collaboration avec Israël et certains Etats arabes.
Une application de cet «accord» sonnerait en effet le glas pour la tutelle jordanienne. Un sérieux revers pour le prestige de la dynastie Hachémite ayant longtemps régné sur la Mecque et Médine avant d’être chassé sans ménagement par Abdelaziz Ben Saoud, ainsi que sur l’Irak jusqu’au coup d’Etat sanglant de 1958.
De ce passé glorieux, il ne reste à la famille royale «que» la Jordanie qu’elle dirige depuis 1946 et ce statut sur la Mosquée Al Aqsa, le Dôme du Rocher (Kobbat Assakhra en arabe) et l’Eglise du Saint-Sépulcre. Sans oublier dans ce décompte les biens du Waqf dans la ville sainte, qui font l’objet de convoitises par les colons juifs et le gouvernement israélien.
On comprend dès lors la sensibilité du changement de statut d’Al Qods pour le descendant de Chérif Hussein, le grand protecteur de la Mecque et Médine et qui fut proclamé «roi des Arabes» en 1916.
Le Maroc a toujours consacré la tutelle hachémite
Le vendredi 22 mars à Istanbul, lors d’une réunion extraordinaire de l’Organisation de la Coopération islamique, Abdallah II a souligné que «la tutelle hachémite sur les lieux saints dans la ville de Jérusalem est une responsabilité historique». Deux jours auparavant, le souverain avait qualifié la protection des lieux saints islamiques et chrétiens d’«obligation historique du royaume hachémite».
Le Maroc a toujours insisté sur le respect de ce droit. En janvier 2014 à Marrakech le Comité Al Qods, présidé par Mohammed VI, «s’est félicité du rôle du Royaume Hachémite de Jordanie dans la protection des lieux saints islamiques et chrétiens d’Al-Qods Acharif, assumé par Sa Majesté Abdallah II».
Il en est de même pour l’OCI. En 2015 à New York, le conseil exécutif de l’Organisation a réaffirmé «la tutelle hachémite historique et présente exercée par Sa Majesté le Roi Abdallah II bin Al Hussein de Jordanie». Les accords de paix avec Israël de 1994, et de 2013 avec l’Autorité palestinienne ont d’ailleurs consacré ce statut.
Malgré quelques récents désaccords politiques et sportifs, Rabat et Amman ont toujours œuvré à sauvegarder le caractère islamo-chrétien de la ville sainte. A cet effet, le Maroc avait mis en place en 1998, l’Agence Beït Mal Al Qods Acharif.
La visite d’Abdallah II au Maroc intervient seulement quelques jours avant l’arrivée du pape François à Rabat. Le Vatican est particulièrement concerné par les tractations en coulisse sur le «Deal du siècle» et une possible fin de la tutelle jordanienne sur les lieux saints d’Al Qods.