Six combattants marocains en taekwondo sont classés dans le top 10 mondial de leurs catégories respectives. Ayant réalisé une belle moisson de titres au cours des dernières années, le Maroc s’est affirmé comme l’une des meilleures nations de taekwondo au niveau africain, méditerranéen, panarabe, et même mondial. Lors des derniers championnats du monde, du 1er au 6 mai à Gyeongju en Corée du Sud, le Maroc, s’est classé dixième sur 140 nations. Avec une médaille en argent et deux de bronze, le Royaume a été la première nation africaine de ces mondiaux.
Le Maroc a donc de réelles raisons d’espérer une bonne performance de ses taekwondoïstes, actuellement engagés dans les qualifications pour les prochains Jeux Olympiques. Le groupe a récemment participé à un stage de préparation aux Etats-Unis où s’est tenu l’Open international de Las Vegas, du 6 au 10 octobre. Les médailles en or de Mohamed Ali Melghagh (moins de 58 kg), Issam Chernoubi (-80 kg), Mohamed El Kharzazi (-87 kg), Sanaa Atabrour (-49 kg), Naïma Bakkal (-62 kg) et Hakima Meslahi (-67 kg), et celles en argent de Abderahmane Guennouni (-58 kg), Lamia Bekkali (-53 kg) et Hajiba Ennhari (-57 kg) ont permis au Maroc de se classer deuxième sur 46 participants à cet open.
Le travail paie
Si les taekwondoïstes marocains se montrent aussi performants ces derniers mois, c’est en partie grâce à leur préparation. Hassane Smaïli, entraîneur principal de l’équipe nationale de Taekwondo confie que ses poulains ont commencé à se préparer à l’échéance de Londres, dès 2009, à peine les jeux de Pékin terminés. En plus des regroupements habituels, la sélection a participé à plusieurs tournois à travers le monde. Les prochaines échéances, un open au Sénégal à la fin du mois de novembre et les jeux panarabes, en décembre, au Qatar, permettront de composer le noyau dur de la sélection qui défendra les couleurs nationales à Londres l’été prochain.
En attendant les prochains déplacements, la sélection, regroupée à l’Institut national des Sports Moulay Rachid de Salé, continue de s’entraîner à un rythme soutenu. Dans une grande salle couverte d’un tatami où les cris des combattants se mêlent aux coups de sifflets des entraîneurs et au bruit mat des coups de pied frappant coussins et adversaires, les champions affûtent leurs armes. L’ambiance sonore rappelle les films de Bruce Lee.
Malgré leur apparence frêle et filiforme, les jeunes taekwondoïstes sont soumis à un entraînement très exigeant. Certains font desctours de gymnase. Au centre, le tatami est divisé en deux. D’un côté, des athlètes équipés de protections font des simulations de combat avec l’un des entraîneurs en guise d’arbitre. De l’autre, deux athlètes révisent leurs enchaînements de coups de pieds : l’un tient un coussin que l’autre frappe. D’un atelier à l’autre, les athlètes s’entraînent.
Les séances durent en moyenne deux heures à raison de trois par jour. Pour Jesus Diaz Benito, entraîneur adjoint, «c’est important d’alterner les entraînements et la compétition, pour garder un bon niveau. Il n’y a pas de secret, à force de travailler, les résultats viennent d’eux-mêmes.» Le principal problème, selon lui, vient des athlètes qui résident à l’extérieur du centre. «Entre ceux qui ne vivent pas au Maroc et ceux qui suivent des études, ce n’est pas toujours évident de réunir tout le monde. Néanmoins, on essaie de les maintenir ensemble autant que possible pour entretenir une bonne ambiance ; de cette façon, les choses passent mieux même quand les résultats sont mauvais», explique Jesus Diaz Benito.
Les jeunes et les femmes
Pour aller chercher ces résultats, l’encadrement technique a décidé de miser sur la jeunesse. Selon l’entraîneur national, «il ne s’agit pas seulement de les préparer pour l’échéance de 2012, mais aussi de leur permettre de prendre de l’expérience en vue des jeux de 2016 au Brésil.» Le vice-champion du monde 2005, Abdelkader Zrouri est, à 32 ans, le membre le plus âgé de la sélection. Il sert de leader à un groupe essentiellement constitué de combattants de moins de 25 ans.
Leur jeune âge ne les empêche pas d’être ambitieux. Abderrahmane Guennouni, 20 ans, rêve de «rapporter un titre que personne n’a jamais gagné» mais une médaille olympique à Londres serait déjà une belle réussite. Il sait qu’il faudra surtout, pour cela, se montrer «fort dans le mental» pour aborder l’une des compétitions les plus médiatisées de la planète.
Bien qu’il soit un sport de combat, le taekwondo n’est pas qu’une affaire d’hommes. Pour Wiam Dislam, 24 ans, « tre un garçon ou une fille n’a pas d’importance, du moment que c’est la même fierté que l’on ressent lorsque l’on représente son pays.» Son histoire personnelle montre bien que ce sport de combat attire aussi la gent féminine. Son père, ancien joueur, aujourd’hui entraîneur de tennis, aurait aimé lui transmettre le flambeau. Alors que ce sport ne suscite aucun intérêt chez elle, elle s’essaie au basketball, sans plus de succès. «Un ami de mon père m’a suggéré le taekwondo, je ne savais pas trop ce que c’était. J’ai essayé et ça m’a plu.»
Cette histoire a fait de Wiam l’une des meilleures combattantes du monde dans sa catégorie. Elle est actuellement classée n°2 mondiale chez les +73 kg. L’équipe féminine a pris une part importante dans les bons résultats récoltés ces derniers mois. Quatre des six taekwondoïstes marocains classés dans le top 10 de leurs catégories respectives, sont des filles. En plus de Wiam, les autres heureuses élues se nomment Sanaa Atrabour, 2e mondiale chez les -49 kg, Lamia Bekkali , vice-championne du monde 2011, et 2e mondiale chez les -53 kg, et Hakima Maslahy, n°7 mondiale en -67 kg.