Au Royaume-Uni, la stratégie gouvernementale de lutte contre le terrorisme fait grincer des dents. L’exécutif de Theresa May a cédé, mardi 22 janvier, aux appels en faveur de la réalisation d’un examen indépendant de ce plan, baptisé «Prevent», indique le média Middle East Eye. Ses détracteurs lui reprochent de discriminer les musulmans.
L’appel pour la révision de ce projet de loi a été soutenu par des organisations de défense des libertés civiles et des droits humains, notamment Human Rights Watch et Amnesty International.
En réponse aux propositions d’amendement de la Chambre des Lords, le ministre à la Sécurité et aux crimes économiques, Ben Wallace s’est dit favorable à cette expertise. Par cet amendement, le gouvernement britannique s’engage ainsi à procéder à un examen indépendant dans les six mois suivant l’adoption du projet de loi.
L’ONG britannique Rights Watch, chargée de «veiller à ce que les mesures prises par le Royaume-Uni pour la sécurité nationale soient conformes à l’intérêt des droits de l’homme», a affirmé mardi que cet examen devait être «véritablement indépendant, robuste et efficace, et reposer sur le principe des droits de l’homme». En 2016, cette même ONG s’était déjà montrée peu convaincue par cette stratégie gouvernementale. Elle estimait, dans son rapport, que la stratégie avait abouti à un «catalogue de violations graves» des obligations de l’exécutif en matière de droits humains.
Un programme qui doit être fondé sur des éléments non discriminatoires
En 2016 également, dans un rapport, la fondation américaine Open Society Justice Initiative avait jugé ce plan de lutte contre le terrorisme «contreproductif» et indiqué qu’il pouvait amener certains musulmans à s’interroger sur leur place au sein de la société britannique. «Nous avons besoin de plus d’informations, y compris sur le mandat de l’examen. Un examen véritablement indépendant de ce programme et de son impact sur les droits humains et les communautés serait le bienvenu», a déclaré Amrit Singh, auteur du rapport, à Middle East Eye.
Certaines organisations musulmanes, notamment le Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB), ont également plébiscité une révision menée de façon totalement indépendante. «Pendant trop longtemps, [cette stratégie] a affecté la vie de familles innocentes, a été critiquée pour ses éléments discriminants et a perdu la confiance des communautés du Royaume-Uni. Cette mesure est cruciale pour tous ceux qui ont milité pour un examen indépendant de ''Prevent''», a déclaré Harun Khan, secrétaire général du MCB, dans un communiqué publié mardi 22 janvier. «Nous nous félicitons de l’appui du gouvernement à cet examen. Cependant, ceux qui sont chargés de sa mise en œuvre doivent avoir l’indépendance, la crédibilité et la confiance requises pour le mener à bien», a-t-il ajouté.
Dans son «Manifeste musulman», publié avant les élections générales de 2017, l’organisation de défense musulmane MEND avait, elle aussi, appelé la classe politique à s’engager à «abroger le devoir statutaire actuel de ''Prevent''». L'ONG avait suggéré de remplacer ce programme par «une stratégie de lutte contre le terrorisme plus efficace, fondée sur des preuves non discriminatoires, en s’engageant avec les communautés musulmanes».