Bien que les quatre suspects principaux dans le double meurtre d’Imlil prêtent allégeance à Daech dans une vidéo, le groupe islamiste ne revendique pas cet acte. Dans une interview datée du 24 décembre 2018, Abdelhak Khiam, patron du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), affirme en effet que les quatre individus n’ont pas été en contact avec des membres de l’organisation en Irak, en Syrie ou en Libye, malgré leur message filmé.
«Deux semaines après la diffusion de leur vidéo d’allégeance, les assassins des touristes scandinaves n’ont obtenu aucun retour de [Daech], qu’il s’agisse des communiqués, des dépêches d’Aamaq ou encore des publications [du groupe]», a indiqué de son côté Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes. Sur son compte Twitter, il affirme que «c’est la première fois que des terroristes font allégeance mais que leur attentat n’est pas revendiqué malgré la diffusion d’une vidéo après l’attentat».
Le spécialiste explique que jusqu’à présent, Daech «avait systématiquement revendiqué tous les attentats, même les plus cruels, comme l’assassinat du père Jacques Hamel à 86 ans, cela signifiait qu’à chaque fois un nouveau palier était franchi».
Dans une interview accordée à La Croix, Romain Caillet souligne que «vu la cible et les méthodes, c’est le bas de l’échelle terroriste qui est intervenue (...) ce genre de passage à l’acte ressemble davantage à un crime d’opportunité qu’à un attentat très préparé». Cependant, le chercheur nuance : «Une revendication serait un palier de franchi qui pourrait encourager les passages à l’acte. Il n’est pas sûr qu’ils s’abaissent à cela, mais rien n’est garanti, car l’organisation change à mesure qu’elle perd ses cadres.»
Le 17 décembre dernier, une touriste danoise et son amie norvégienne ont été retrouvées égorgées dans leur tente près d’Imlil. Elles se préparaient à un tournoi d’alpinisme. Depuis, plus de 18 personnes ont été interpelées.