Wadia Ait Hamza a effectué ses études primaires et secondaires à l’école publique à Rabat, avant de suivre un cursus à l’Université Al Akhawayn à Ifrane. «Grâce à une bourse et un crédit bancaire», nous confie le natif de la capitale Rabat. Né en 1982, il est depuis 2017 le directeur général de la Communauté des Global Shapers du Forum économique mondial.
Cet ancien «Emerging leader» du désormais Policy Center for the New South a quitté le Maroc pour s’installer en Suisse depuis 2013. Après avoir choisi de suivre des «études internationales» et parti en échanges aux Etats-Unis, Wadia Ait Hamza optera pour un Master en études euro-méditerranéennes entre l’Espagne et l’Italie. «J’ai travaillé ensuite à Toyota, dans le secteur privé puis dans le secteur académique au sein de l’École de gouvernance et d'économie (EGE) à Rabat et plus précisément dans son administration», se rappelle-t-il.
«J’ai eu par la suite l’opportunité de travailler avec le Forum économique mondial à Genève. Ils m’avaient contacté en 2011 alors qu’ils lançaient une nouvelle communauté de jeunes afin de les inclure dans ses projets, ses initiatives et événements. Mais je n’ai postulé qu’en 2013.»
Mettre en place un échange entre la jeunesse et les décideurs
A la tête de la composante gérant la région MENA au sein des Global Shapers, ce Marocain gravira les échelons pour devenir, depuis 2017, le directeur de cette communauté de jeunes au niveau du Forum économique mondiale.
«Nous sommes un peu près 8 000 jeunes, dans 165 pays. C’est une plateforme pour les jeunes afin qu’ils puissent s’épanouir et s’auto-organiser par eux-mêmes afin d’avoir un développement local», explique-t-il. Des jeunes qui sont aidés pour soumettre des projets au niveau local et à amplifier leurs voix.
Pour évoquer le travail fait au niveau de cette composante du Forum économique mondial, Wadia Ait Hamza rappelle quelques chiffres. «50% de la population mondiale a moins de 30 ans. Ces gens sont-ils inclus dans les décisions que les institutions prennent ?», s’interroge-t-il avant d’affirmer que «c’est ce que les Global Shapers tentent de faire, à travers des réunions avec des chefs d’Etat, des chefs d’entreprises, des patrons d’organisations internationales». «L’objectif étant de mettre en place un échange entre la jeunesse et les décideurs, pour savoir comment ces derniers peuvent "mentorer" les premiers mais aussi ce que les premiers peuvent apporter comme valeur ajoutée», fait-il savoir.
Interrogé sur le cas du Maroc, il rappelle avoir eu, depuis 2013, plusieurs jeunes Marocains à Davos. Mais il regrette que l’intégration des jeunes dans la gestion de la chose publique tarde à se concrétiser. «S’il n’y avait pas de quota dans le Parlement, il n’y aurait pas de jeunes dans cette institution», nous déclare-t-il.
Wadia Ait Hamza. / Ph. Twitter
Les jeunes, l’éducation et l’intégration
Wadia Ait Hamza estime qu’il «faut oublier l’histoire selon laquelle les jeunes sont une problématique à résoudre». «C’est plutôt une opportunité et les jeunes font partie de la solution. On ne peut pas mettre en place des solutions sans inclure les gens qui sont concernés», affirme-t-il.
«Pour le moment, il y a une volonté au Maroc mais elle n’est pas appliquée, ni au niveau du secteur privé, ni au niveau public. Il y a encore de la marge et on a beaucoup à faire. La majorité des technologies qui sont en train de basculer notre mode de vie, notre société, sont créées par des jeunes. C’est donc crucial de les intégrer dans la réflexion menée.»
«Si je suis là où je suis actuellement, c’est grâce à l’épanouissement des activités estudiantines que j’ai eu à l’université», reconnait-il, insistant sur la nécessité de «penser différemment» le système éducatif des pays, et même la formation professionnelle. Car, «35% des chefs d’entreprises, les plus grands CEO en Suisse par exemple n’ont jamais fait l’université et sont arrivés où ils sont aujourd’hui grâce à la formation professionnelle», rappelle-t-il.
«Le modèle comme on le voit aujourd’hui n’est pas la réponse. Ce sont les jeunes qui peuvent rapporter et partager des idées nouvelles et c’est pour cela qu’il est important de les intégrer, non pas pour créer une révolution mais pour aider le système à avancer», conclut-il.