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Grand Angle

Tindouf : L'Espagne met la pression sur l'Algérie et le Polisario

L’Espagne demande à l’ONU d’intervenir dans les camps de Tindouf car l’Algérie et le Polisario ne seraient pas en mesure d’assurer la sécurité des «refugiés» des camps. Un coup dur pour les indépendantistes dont la complicité avec Al Qaida au Maghreb Islamique se confirme de plus en plus avec l’enlèvement près de Tindouf des trois ressortissants européens.

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Les coopérants européens ont été enlevés dans le camp de Rabuni, près de Tindouf.
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L’enlèvement de ses deux ressortissants (et d’une italienne) près de Tindouf est-il en train de pousser l’Espagne à revoir, ne serait-ce que timidement, sa position sur la question du Sahara ? En tous cas, la déclaration tenue par la chef de sa diplomatie pousse à y croire. En visite au Maroc, Trinidad Jiménez a annoncé  que son pays a appelé l’ONU à intervenir sur la situation sécuritaire dans les camps de l’Ouest algérien : «Nous avons demandé aux Nations Unies d'envoyer une mission en Algérie pour évaluer la situation sécuritaire dans les camps de Tindouf». Un véritable coup dur pour l’Algérie et le Polisario qui sont supposés ne plus être en mesure d’assurer la sécurité dans ces camps.

Mais au-delà de ces inquiétudes sur la situation sécuritaire à Tindouf, la déclaration de la ministre espagnole des Affaires étrangères traduit une certaine perte de confiance de Madrid envers le Polisario au moment où les relations avec le Maroc sont qualifiées de «bonnes» par Jiménez. Un mauvais signe donc pour le Front indépendantiste qui se dirige vers le renouvellement prochain de son bureau dans une atmosphère tendue dans les camps.

Alger de plus en plus isolé

Son parrain algérien lui, aura certainement du mal à avaler la couleuvre : Alger, qui dispose d’une des plus grandes armées de la région passe pour un faible, incapable de sécuriser un camp de «réfugiés». Une zone pourtant très militarisée, comme l’a rappelé hier Taieb Fassi Fihri, le chef de la diplomatie marocaine. L’Algérie, apparemment impuissante à assurer la sécurité sur son territoire devrait-elle s’attendre à ce que les gouvernements espagnol et italien déconseillent à leurs ressortissants de se rendre sur son territoire ? L’establishment militaire algérien n’en serait que davantage isolé, lui qui se sent seul depuis le début de la révolution populaire en Libye et la chute de Kadhafi.

La déclaration de Jiménez faite sur le sol marocain ne viendrait qu’exacerber Alger et le Polisario, qui réclament avec insistance l’inclusion des droits de l'homme dans la mission de l'ONU dans le Sahara occidental (Minurso).

Complicité Polisario-Aqmi ?

Au sujet des 3 otages européens, les différentes parties continuent de s’accuser et de se rejeter la responsabilité. Alors que le ministre marocain des Affaires étrangères pointe du doigt son voisin algérien, le Polisario, pour sa part, accuse Aqmi (Al Qaida au Maghreb Islamique)  et implique le Mali dans cette affaire : «les ravisseurs, infiltrés à partir du territoire malien, ont attaqué le siège de réception des étrangers dans les camps de réfugiés à l'ouest de Tindouf, utilisant une voiture tout-terrain et des armes à feu», indique le «ministère» sahraoui de l’Information. Faux ! Dixit un ministre malien.

«On nous fait un mauvais procès. Qu'on nous dise où sont les otages sur notre territoire», répondent des responsables sécuritaires du Mali. «A ce jour, il n'y aucune trace des otages européens dans le nord du Mali» a ajouté un membre du gouvernement malien sous le couvert de l’anonymat. Le rapt, à en croire la partie malienne, serait mené par la «filiale sahraouie» d’Aqmi. «Les otages européens sont prisonniers d'Aqmi et de sa filiale sahraouie. Ils ont été localisés puis suivis par des éléments sahraouis qui ont mené l'opération d'enlèvement avec des complices d'Aqmi» précisent les sécuritaires maliens.

Si ces affirmations sont fondées et avérées, elles confirmeraient donc la complicité effective entre Sahraouis des camps et combattants d’Aqmi. Un lien que le Polisario ne manque jamais de rejeter, de peur de ternir son image et de perdre ses soutiens occidentaux.   

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