L’esclavage a sévi aux Etats-Unis de 1619 à 1865. En Caroline du Sud, la loi «Negro Act» interdisait aux personnes à la peau noire de se déplacer seules dans la campagne, de se rassembler en groupes, de gagner de l’argent, d’apprendre à lire ou à écrire l’anglais, sous peine d’être exécutées par leurs propriétaires.
Toutefois, une exception fut accordée aux Maures et aux Marocains grâce aux bonnes relations qu’entretenaient le Maroc et les Etats-Unis. Cette loi, mettant au même pied d’égalité tout Maure avec un Blanc, est appelée la Moors Sundry Act.
A l’origine de cette loi, approuvée le 20 janvier 1790, quatre hommes et leurs femmes venus du Maroc. En effet, comme en attestent les registres d’Etat de la Caroline du Sud, une pétition avait été présentée à la Chambre des représentants de Caroline du Sud par un groupe de huit personnes, qui étaient «des sujets du sultan du Maroc».
«Une pétition a été présentée à la Chambre de Sundry Free Moors, sujets de l’empereur du Maroc, et les résidents de cet État, priant que, dans le cas où ils commettraient une faute susceptible d’être traduite en justice, qu’ils soient sujets d’un prince en alliance avec les États-Unis d’Amérique, ils pourraient être jugés sous les mêmes lois que les citoyens de cet État, et seraient passibles de procès et non de la loi nègre qui a été reçue et lue.»
La pétition avait été déposée au nom de Francis, Daniel, Hammond et Samuel, qui étaient des «maures libre», en leur faveur et en celle de leurs épouses Fatima, Flora, Sarah et Clarinda. Ils expliquent dans leur lettre avoir été capturés par l’un des rois d’Afrique alors qu’ils se battaient pour la défense de leur pays. Avant leur arrivée aux Etats-Unis, un certain Capitaine Clark leur avait promis qu’ils seraient rachetés par l’ambassadeur du Maroc en Angleterre et pourraient ainsi regagner leur pays et redevenir des hommes libres.
Les Maures égaux des Blancs
Le Capitaine Clark ne tiendra pas sa promesse. Au lieu de ça, il les conduira jusqu’en Caroline du Sud. Là-bas, les quatre couples «ont fait de leur mieux pour pouvoir racheter eux même leur liberté», écrivent-ils dans leur pétition. Ainsi, ils avaient pu se libérer de leurs maîtres respectifs, mais il restait toujours cette loi, la «Negro Act», qui était appliquée dans l’Etat du sud-est depuis 1740.
L’argument de taille exposé par les pétitionnaires est qu’ils «étaient des ex-sujets, désormais libres, d’un prince allié avec les Etats-Unis». Quatre ans auparavant, les Etats-Unis et le Maroc signaient le Traité de paix et d’amitié daté de 1786 – le plus ancien – et qui n’a jamais été interrompu dans l’histoire des Etats-Unis.
Les demandes étaient les suivantes : ne pas être soumis à la «Negro Act» de l’Etat de Caroline du Sud, et dans le cas où ils devaient être jugés pour un crime ou un délit, ils pouvaient bénéficier d’un procès équitable et ce devant un jury légitime.
L’examen de la pétition a été «immédiat» et leur requête approuvée. «Ils en ont considéré de même et sont d’avis qu’aucune loi de cet État ne peut, dans sa construction ou son fonctionnement, s’appliquer à eux. Et les personnes qui sont les sujets de l’empereur du Maroc, étant libres dans cet État, ne sont pas justiciables selon la loi commandant pour le meilleur ordre et la meilleure direction des Noirs et autres esclaves». Ainsi, la «Moors Sundry Act», loi historique, introduite par ces quatre couples, deviendra tout un symbole pour cet Etat américain.