Le ministre des Affaires islamiques est à son corps défendant le «héros» de la séance de cet après-midi des questions orales à la Chambre des représentants.
Il a perdu ses nerfs face à une pluie de critiques de la part des députés, de la majorité et de l’opposition, sur la galère des pèlerins marocains en Arabie saoudite cette année.
«99% de ce qui se raconte à ce sujet est sans fondement et porte préjudice à ce pilier de l’islam», a martelé Ahmed Taoufiq. Dans sa défense, il s’est inscrit en faux contre toutes les voix ayant pointé la responsabilité de son département dans les dysfonctionnements qui ont émaillé le hajj 2018.
«Le ministère a le devoir d’aider les pèlerins à effectuer le hajj», a-t-il déclaré. Et d’enchaîner en expliquant ce qu’il entend par le «devoir» de la tutelle. Taoufiq l’a réduit uniquement à «accomplir la station du mont Arafat, les tours rituels autour de la Kaabah (at-tawaf) et les sept trajets (as-saây) entre As-Safa et Al-Marwah». C’est tout.
Des «tirs amis»
La réponse du ministre n’a pas convaincu les députés. Un membre du Mouvement populaire, majorité gouvernementale, a tiré à boulets rouges sur la gestion de la tutelle du hajj. «Ce qui s’est passé (en Arabie saoudite) ne nous honore pas en tant que Marocains», a-t-il dit, apportant ainsi un sérieux démenti à la version donnée par Taoufiq.
Des flèches qui ont fait sortir Taoufiq de ses gonds au point de vouloir empêcher le député de poursuivre son intervention, forçant la présidente de la séance de lui rappeler les règles élémentaires de bienséance parlementaire. Finalement, Taoufiq a fini par s’asseoir pour qu’ensuite les critiques reprennent de plus belle.
L’une d’elle est signée par le groupe RNI-UC, également de la majorité d’El Othmani. Elle porte sur la création d’une agence nationale du hajj. L’auteur de la proposition a justifié la création d’une telle instance par l’«échec du ministère à remplir convenablement sa mission».
Une fois les commentaires des députés conclus, le ministre a dans un premier temps refusé d’y répondre avant de prendre la parole sous l’effet de la protestation de l’hémicycle, mais sans réellement fléchir sur sa position.
Dans un communiqué datant du 25 août, le ministère des Affaires islamiques a affirmé que la partie marocaine a exposé aux autorités saoudiennes «les dysfonctionnements ayant entaché l’opération du hajj de cette année, notamment en ce qui concerne la nourriture, l’hébergement à Mina et le transport à Arafat». Deux jours auparavant, le département niait en bloc toutes les protestations des pèlerins marocains diffusées sur les réseaux sociaux, au point de les qualifier de «mensonges».