Au XIXè siècle, les corsaires de la mer Méditerranée dirigeaient les Etats les plus puissants d’Afrique du Nord. Au Maroc et après l’effondrement de leur célèbre République de Salé au XVIIè siècle, les pirates et leurs navires étaient passés sous le contrôle de la dynastie alaouite. Leurs homologues en Algérie, à Tunis et à Tripoli opéraient quant à eux, sous les auspices de l'empire Ottoman.
Les quatre puissances étaient qualifiées d'États barbaresques par les États-Unis. Faisant du chantage, les pays d’Afrique du Nord «ont reçu d’importantes sommes d'argent, des navires et des armes des puissances étrangères, qui en retour pouvaient naviguer sans encombre à travers les eaux barbaresques», rappelle US Wars.
La première guerre barbaresque
L'argent généré par le piratage a contribué à l'économie de ces États, indiquent des comptes historiques. Mais la pratique a ensuite conduit à une guerre entre les États-Unis et les quatre États après une série d'infractions visant des navires dirigés par le pays nouvellement fondé. Les relations tendues ont mené entre 1801 et 1805 à la guerre surnommée la «Première guerre barbaresque», qui était «une guerre non déclarée menée par les États-Unis contre les États nord-africains».
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«La principale cause de la guerre était que ces États hébergeaient et soutenaient les actions des pirates contre les navires de transport américains en Méditerranée», précise la même source. Bien que cela n’ait pas mis fin à la piraterie dans la région du Maghreb, cette guerre a conduit à la signature d'un traité entre le Maroc et les États-Unis.
La signature de ce traité découle en réalité de négociations, entre le Maroc et les Etats Unis, entamées bien avant le début de la guerre barbaresque. En effet, le 11 octobre 1784, le sultan alaouite Mohammed III arrêta un navire marchand américain appelé Betsey à Tanger et ordonna au gouvernement américain de signer un traité en échange des hommes, du navire et de la cargaison.
Ainsi, en 1785, un traité entre les États-Unis et le Maroc était en cours de négociation et le sultan libéra l'équipage et l'expédition de Betsey, faisant du royaume l'un des premiers États «barbares» à protéger les navires américains dans ses eaux.
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Cependant, convaincre l'Algérie de signer un traité similaire était une tâche difficile pour les diplomates américains à l'époque. Selon la Fondation Thomas Jefferson, «Alger dépendait beaucoup plus que le Maroc des fruits du corsaire -biens saisis, esclaves, rançons qu’ils apportaient- et était donc moins susceptible de conclure un traité de paix avec les États-Unis».
«Au cours de ces années, les navires américains en Méditerranée ont navigué en convoi avec des navires européens (…) dans l'Atlantique. Le traité avec le Maroc leurs avait fourni protection grâce aux corsaires marocains et la marine portugaise a gardé ceux d'Alger, de Tunis et de Tripoli en Méditerranée.»
Mais bien que le Maroc ait promis de protéger les navires américains en vertu d'un traité signé par le sultan Mohammed III, le nom de son fils, Moulay Slimane, figurait parmi les dirigeants ayant combattu lors de la première guerre barbaresque. En effet, le sultan Slimane, qui a dirigé le Maroc de 1792 à 1822, aurait participé en tant que commandant aux côtés de Yusuf Karamanli, de l’amiral Rais Mahomet Rous, de Hassan Bey et de Shadi Nazmi Reis, au large de la côte méditerranéenne de Tripoli.
Après la première guerre barbaresque, les navires américains se sont battus uniquement contre Tripoli et Tunis. Le Maroc ne faisait pas partie de la deuxième guerre barbaresque, le sultan Slimane ayant aboli la piraterie et préféré maintenir de bonnes relations diplomatiques avec les États-Unis.