Une année après la vague d’arrestations de princes et d’hommes d’affaires lancée le 4 novembre 2017 en Arabie saoudite, les langues commencent à délier. La chaîne américaine NBC a été la première à s’intéresser de très prêt à ce dossier. Dans un article publié le 3 novembre, elle relaie des témoignages, sous couvert d’anonymat, faisant état de ce qu’ont enduré les «invités» de Mohamed Ben Salman. Dans son sillage, Al Jazzera a également consacré un article sur le sujet.
Une fois de plus, Rabat est cité dans cette affaire. La publication en ligne Rai Alyoum, dirigée par le célèbre journaliste palestinien Abdelbari Atouane, avance que le Maroc aurait rejeté une demande de Ryad portant sur l’extradition du prince Mansour, le fils du roi Abdellah qui a régné du 1er août 2005 au 23 janvier 2015.
Le royaume aurait également refusé de répondre aux multiples requêtes de l’homme fort du royaume wahhabite de lui révéler les comptes bancaires des Saoudiens au Maroc, ajoute la même source.
Contexte tendu
Le prince Mansour a pu échapper à la grande rafle lancée par son cousin Mohamed Ben Salman parce qu’il se trouvait en Europe et, de là, a vite regagné le Maroc où il s’est installé depuis.
Ses deux frères Maitîb (autrefois chef de la Garde nationale sous le règne de son père) et Turki (ex-émir de la région de Riyad) n’ont pas eu cette chance : le premier a été libéré après des mois de détention alors que le deuxième est toujours détenu.
Craignant une opération d’enlèvement visant le prince Mansour, les autorités marocaines auraient redoublé de surveillance autour de son lieu de résidence, précise le site Rai Alyoum.
Le prince aurait bénéficié des relations tendues entre le Maroc et l’Arabie saoudite de MBS. Il y a une année, un média libanais avait indiqué que le prince héritier aurait décliné une médiation du roi Mohammed VI en faveur du prince Al Walid Ben Talal (le cousin du prince Moulay Hicham) et du Premier ministre libanais Saâd Hariri pour les libérer de la liste de ses «invités» du Ritz Carlton. Une semaine après la vague d’arrestations en Arabie saoudite, le roi effectuait deux visites officielles à Abou Dhabi et Doha, sans toutefois passer par l’étape Ryad.