Le 2 octobre 2018, le ministère espagnol de l’Intérieur annonçait le démantèlement d’une cellule terroriste composé de 25 individus, désormais incarcérés dans 17 centres pénitenciers.
L’opération est la première du genre menée en Europe. La presse ibérique a immédiatement baptisé le groupe proche de Daesh, de «Front jihadiste dans les prisons».
Son leader présumé est un Marocain, Abderrahmane Tahiri, allias «Mohamed Acharf», condamné à 14 ans de prison pour son implication dans les attentats terroristes de Madrid du 11 mars 2004. Le natif de Tanger s’apprêtait d’ailleurs à retrouver la liberté le 17 octobre. Jamal Zougam et Hassan Haski, deux autres ressortissants marocains emprisonnés pour les mêmes motifs, figurent sur la liste des membres dudit «Front».
L’ambassade espagnole à Rabat dans le viseur
Cinq jours après l’arrestation de ce groupe, La Razon révèle que la représentation diplomatique espagnole au Maroc était une cible potentielle des terroristes. Comment ?
Mohamed Kchirid, natif de Fès, libéré le 3 septembre après avoir passé 15 ans de prison pour des délits de droits commun, s’est dit disposé à commettre «un attentat contre les intérêts espagnols au Maroc y compris l’ambassade espagnole dans ce pays», comme le relève un rapport de la direction de l’information au sein de la Guardia Civil, rapporte La Razon.
C’est justement ce rapport, publié le 25 septembre dernier, qui a précipité le lancement de l’opération contre les réseaux de radicalisation opérant dans les centres de détention en Espagne.
Avant son expulsion d’Espagne vers le Maroc, Mohamed Kchirid comptait sur l’apport de «Mohamed Achraf» pour mener à bien ses projets, sachant que lui aussi devait sortir de prison le 17 octobre. Ainsi, dans une lettre au leader présumé du groupe, le natif de Fès a demandé des «numéros de téléphone afin de maintenir le contact», précise le rapport de la Guardia Civil. Et d’ajouter dans sa missive que «le Maroc a changé et qu'il y a beaucoup de projets».
L’arrestation des 25 membres du «Front jihadiste dans les prisons» en Espagne a été précédée par la commission le 29 août d’un attentat à Liège. Benjamin Herman, un Belge converti à l’islam, qui bénéficiait d’une permission de sortie, a tué deux policiers et un passant.