Membres de la défense des détenus du Hirak à Casablanca, Abderrahima El Jamaï et Abdelaziz Nouidi ont adressé une lettre au président du ministère public, Mohamed Abdennabaoui. Ils l’interpellent sur ses propos tenus lors de son passage à l’émission de débat télévisé Dayf Al Oula, diffusée sur Al Oula, concernant les militants condamnés de 1 à un 20 ans de prison ferme.
Dans ce courrier repris en intégralité sur le site Alaoual, les deux avocats reviennent par ailleurs sur la légalité des vidéos ayant fuité, relatives à Nasser Zefzafi. Ils alertent Mohamed Abdennabaoui que le juge n’avait pas estimé la publication d’une vidéo «montrant Nasser Zefzafi torse nu et sans son consentement» comme une «atteinte à sa dignité et à son intégrité physique», conformément à l’article 89 du Code de la presse et de l’édition.
Plus loin, les deux avocats critiquent la position du chef du Parquet quant au verdict rendu, rappelant qu’il a considéré, au cours de l’émission, que ces jugements étaient «allégés». Abdelaziz Nouidi et Abderrahim El Jamaï rappellent que le déroulement des audiences «n’obéissent aucunement aux règles d’un procès équitable», contrairement à ce qu’a avancé Mohamed Abdennabaoui lors de l’émission.
«La requête de la défense pour joindre le rapport du Conseil national des droits de l’Homme au dossier des militants du Hirak a été rejetée, alors que cette institution a mandaté des experts reconnus internationalement, qui ont attesté de la présence de traces de torture sur des détenus», rappellent encore les deux avocats. Enfin, ces derniers appellent le ministère public à veiller aux engagements internationaux du Maroc, notamment à travers la consécration de l’indépendance de la justice et en procédant «à une expertise médicale rapide pour définir les responsables de la torture et les poursuivre».
Cette lettre est rendue publique deux jours après une conférence de presse des avocats de la défense, où ces derniers sont revenus sur les nombreux manquements à l’équité d’un procès considéré comme politique.