Le monde célèbre ce mardi 3 mai la journée mondiale sans sacs en plastique. Une occasion pour attirer l’attention sur la pollution occasionnée par la prolifération de ces sacs et leur abandon au gré des vents et des courants, menaçant ainsi la faune et la flore.
Au Maroc, et à la veille de l’organisation par le royaume de la COP22 à Marrakech, le gouvernement avait annoncé son opération «Zero Mika», du nom des sacs en darija pour une éradication totale des sacs en plastique. Mais il semblerait que les «mikas» continuent de résister.
Une éradication totale promise à l’horizon 2020 ?
Ce mardi, le gouvernement a organisé une rencontre sur l'avancement de la mise en œuvre de la loi 77-15 approuvée en juin 2016. Une occasion pour Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, de l'investissement, du commerce et de l'économie numérique, d’exprimer sa satisfaction de l’interdiction de la commercialisation des sacs en plastique dans les commerces et les grandes surfaces. Cité par nos confrères de Hespress, le ministre a surtout reconnu qu’un «grand effet attend toujours le Maroc» pour rompre définitivement avec les «Mikas».
L’exécutif a, en effet, entrepris plusieurs mesures pour accompagner ce secteur. «25 entreprises qualifiées sur 29 entreprises candidates, ont pu bénéficié d’une prime générale de 65,4 millions de dirhams» pour une conversion destinée à produire notamment des sacs réutilisables et écologiques. L’Etat a aussi engagé 395 MDH en faveur de 44 projets d'investissement dans le cadre du processus de reconversion des entreprises, a déclaré ce mardi le directeur général de l'Agence nationale pour la promotion de la PME (Maroc PME), Larbi Benrazzouk à la MAP.
Mais Moulay Hafid Elalamy a reconnu toutefois que des dépôts clandestins de fabrication de sacs en plastique persistent. Ces derniers continueraient même à alimenter les marchés par «des produits néfastes sur la santé des citoyens», rapportent de leurs côtés nos confrères d’Alyaoum 24. Ces derniers informent même que le ministre a promis «une éradication totale» de ces sacs en plastique dans les deux prochaines années, en assurant que son département et le ministère de l’Intérieur continueront d’œuvrer pour lutter contre la fabrication clandestine des «Mikas».
Au Maroc, les habitudes changent mais les fabricants résistent
Publiée dans le Bulletin officiel du 10 décembre 2015, la Loi n° 77-15 portant interdiction de la fabrication, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation et de l’utilisation de sacs en matières plastiques a été effective dès le 1er juillet 2016. Obligeant grandes surfaces et petits commerces à proposer des sacs écologiques, elle prévoit notamment des amendes allant jusqu’à 1 millions de dirhams (article 9) pour toute personne fabriquant certains types de sacs en matières pastiques (détaillés dans l’article 2). Elle donne aussi «aux officiers de police judiciaires, aux agents désignés à cet effet par l’administration ou les organismes compétents, assermentés et porteurs d’une carte professionnelle», la compétence de procéder «à la recherche et de constater des infractions» (article 5).
«En 2017, 4,6 milliards de sacs en papier ont été distribués ainsi que des sacs tissés. On retrouve en effet dans la plupart des commerces des sacs en tissu», rapporte en janvier dernier le média français Conso Globale sur le bilan à un an et demi de cette loi adoptée par le Maroc. De l'un des «plus gros utilisateurs» de sacs en matières plastiques, le Maroc s’est lancé «dans une mesure phare», commente-t-il.
Celui-ci a estimé que «si les Marocains réclamaient des sacs au début de l’interdiction, ils sont aujourd’hui passés à des solutions alternatives». Un «changement dans les habitudes de tout un peuple en si peu de temps», commente Conso Globale.
Mais il semblerait que certains fabricants clandestins continuent d’opérer en toute illégalité. Vendredi 29 mai, la commission de contrôle et de surveillance de la production des sacs plastiques interdits a découvert un dépôt utilisé pour la production desdits sacs, dans la commue territoriale d’Oulad Ziane à Casablanca.
Un communiqué de presse du ministère de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique a précisé que ladite commission a procédé à la saisie de 4 225 kg de matières premières et d’environ 1 500 kg de sacs plastiques, de 1 200 kg de sacs plastiques semi-finis et de 11 machines qui sont utilisées pour produire les sacs en question.