Après un procès ayant duré près d’un an, la nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Les activistes du Hirak, emprisonnés dans la prison locale de Ain Sebaa à Casablanca, ont été condamnés mardi soir, par la Cour d’appel de Casablanca, à des peines lourdes.
Jugés, entre autres, pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat», les figures de proue du mouvement de contestation né à Al Hoceima en octobre 2016 ont écopé de peines allant de 2 à 20 ans de prison ferme. Un verdict qui continue de susciter plusieurs réactions dans les rangs des familles des détenus et leurs avocats.
Déception des familles
Abdellatif Ablak, le frère du détenu du Hirak Rabii Ablak – condamné à cinq ans de prison ferme – a exprimé sur Facebook son indignation suite à la décision de la Chambre criminelle, dénonçant ainsi le fait que Rabii ait été condamné «sans avoir pu prouver son innocence».
«Le téléphone de Rabii contenait des preuves qui montraient que les détenus du Hirak sont innocents», a-t-il affirmé, arguant que son frère «a reçu des appels de la part de responsables influents qui l’ont menacé et lui ont fait subir du chantage». «Il est temps d’en faire une affaire nationale ou internationale», déclare-t-il.
Du côté de Mohamed Ahamjik, frère de Nabil Ahamjik qui a été condamné à 20 ans de prison ferme, l’heure est à la colère. Quelques heures après le verdict, il a rappelé sur son profil Facebook que Nabil est «juste un jeune orphelin au chômage qui est sorti manifester dans les rues, pour demander des droits basiques». Et d’ajouter : «Certains me qualifiaient de pessimiste, mais ceux qui connaissent la mentalité de certains responsables du pays doivent davantage l'être.»
Silya Ziani, la figure féminine du mouvement de contestation du Rif, arrêtée en juin puis graciée en juillet 2017, a également réagi aux condamnations de ses amis et militants. «Notre vie se résume à des années d’injustice», a-t-elle estimé.
Les avocats dénoncent les peines lourdes
Les avocats du Hirak n'ont pas manqué de manifester leur désaccord avec le verdict du tribunal casablancais notamment sur les réseaux sociaux. Naima Ghallaf, membre du comité de défense a d'abord considéré qu'«on ne dispose pas de justice dans notre pays». Dans un autre statut, elle a estimé que «la fin d’un système commence par des restrictions sur les libertés individuelles.»
Mohamed Aghnaj, également membre du comité de défense des détenus du Hirak, partage le même avis que sa collègue en décrivant des «lourdes sentences [l'ayant] privé de sommeil».
Les avocats et les familles des détenus du Hirak ne sont pas les seuls à avoir réagi au verdict de la Chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca. Plusieurs Marocains ont remplacé leurs photos de profil avec des illustrations et des fonds noirs pour dénoncer et se montrer solidaires avec les familles des activistes du Hirak.