Le 31e sommet de l’Union africaine a valeur de test pour la diplomatie marocaine. Ce qui serait en jeu en Mauritanie dépasserait de loin la teneur du rapport que devra présenter Moussa Faki à l’occasion de la Conférence des chefs d’Etat, le 1er juillet prochain, conformément à la décision 356 prise lors du sommet des 3 et 4 juillet 2017 à Addis-Abeba.
Le Polisario, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont en effet méfiants vis-à-vis du président de la Commission de l’UA. La politique du diplomate tchadien de tenir le bâton par le milieu ne leur conviendrait pas et ne répondrait en aucun cas à leurs intérêts.
Réactiver une vielle instance après 40 ans d’hibernation
Les trois Etats tenteraient une opérationnalisation immédiate du «Comité des chefs d’Etat et de gouvernement sur le Sahara occidental», une instance créée en 1978 en vue de soutenir les efforts de l’ONU.
A l’époque, le royaume, membre fondateur de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), était encore sensible aux sollicitudes de ses alliés continentaux d’accorder un rôle à l’OUA aux côtés des Nations unies dans la résolution du différend territorial.
Pour rappel, la décision 653 avait seulement appelé à «prendre les mesures appropriées (y compris la revitalisation éventuelle du Comité des Chefs d’Etat décidée en 1978), pour soutenir les efforts des Nations unies et encourager les parties, aujourd’hui présentes toutes les deux au sein de l’UA, pour coopérer loyalement en vue du succès du nouveau processus» de négociation au Sahara occidental.
Dans la capitale mauritanienne, le Polisario, l’Algérie et l’Afrique du Sud, soutenus par des Etats d’Afrique australe, se mobiliseraient en vue d’arracher le feu vert des autres membres de l’UA pour pouvoir passer à l’acte, afin que ledit Comité puisse voir le jour. Ce sera d’ailleurs le véritable enjeu pour eux au cours du prochain sommet, d’autant que la carte de Joaquim Chissano, propulsé envoyé de l’UA pour le Sahara occidental, a montré ses limites. L’heure est désormais venue de miser sur une autre stratégie.
Ce point avait également figuré sur l’agenda de la récente tournée de Brahim Ghali dans certains pays de la zone, à l’exception de l’Angola qui avait refusé de le recevoir.