La police marocaine relâche discrètement la pression sur les musulmans qui n’observent pas le jeûne durant le mois de ramadan, et semble moins encline à faire appliquer l’article 222 du code pénal, qui prévoit une peine de six mois de prison pour quiconque ne jeûne pas pendant cette période, indique l’agence Efe.
«L’Etat se montre plus tolérant avec les personnes qui ne jeûnent pas. Durant ce ramadan, nous n’avons constaté aucun cas de persécutions», a indiqué à l’agence Efe Omar Arbib, de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
«Cependant, l’Etat tente d’équilibrer entre les salafistes et les islamistes, et avec tous ceux qui tentent de se montrer meilleurs croyants que les autres», ajoute le militant, qui estime que le combat pour dépénaliser la rupture du jeûne est encore long.
«Les choses commencent à bouger. Les autorités reculent : il y a moins d’arrestations et moins d’enquêtes policières dans certains cafés qui servent des musulmans», reconnaît également Betty Lachgar, du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali). «En revanche, l’opinion publique et la société sont malheureusement de plus en plus conservatrices et il y a plus d’agressions», ajoute-t-elle, estimant qu’il «manque encore un changement au niveau des mentalités et l’abrogation de cet article liberticide».
Ces dernières années, les quelques cafés et restaurants qui ouvrent leurs portes pendant le ramadan mentionnaient clairement : «Nous ne servons pas les musulmans». Cette année, les affiches ont disparu, souligne l’agence Efe, et les restaurants d’une célèbre chaîne de fast food américain, refuge habituel pour les personnes qui peuvent justifier la rupture du jeûne – les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants –, informe leurs clients qu’«une loi interdit aux musulmans de manger [pendant le ramadan]», précisant que «quiconque enfreint cette loi en assume les conséquences».