Un niveau de racisme «extrêmement préoccupant», qui contraste avec des «évolutions positives». C’est ainsi que la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) décrit globalement l’état des lieux du racisme aujourd’hui en France dans le rapport 2017 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Le document s’inscrit dans un contexte de préparation du plan triennal d’action contre le racisme et l’antisémitisme (2018-2020).
«Si le niveau de racisme reste extrêmement préoccupant, la CNCDH souhaite d’emblée insister sur les évolutions positives : le racisme affiché est le fait d’une partie minoritaire de la population française et ne doit pas être considéré comme une fatalité, sa progression n’étant pas établie sur le long terme, au contraire», lit-on dans l’étude.
Mais voilà, si le racisme reste en principe condamné, les préjugés persistent et semblent plus tolérés. «On assiste depuis la Seconde Guerre mondiale à une reformulation progressive des discours racistes vers des formes détournées et plus «acceptables» en démocratie. Le racisme a ainsi évolué d’un différentialisme biologique (fondé sur une hiérarchie supposée entre les races), aujourd’hui minoritaire, vers un différentialisme culturel, qui consiste à juger l’«autre» (par son origine, sa religion, sa culture, son apparence, etc.) trop différent du groupe auquel on s’identifie», explique ainsi la CNCDH.
Le racisme biologique «a largement disparu»
L’enquête commandée annuellement par la Commission sur l’état de l’opinion, qui mesure un indice de tolérance vis-à-vis des minorités (indice de 1 à 100, plus il se rapproche de 100, plus le niveau de tolérance est élevé), montre que les Roms restent la minorité la plus stigmatisée (indice de tolérance de 34), suivis des Musulmans (61), des Maghrébins (72), des Noirs et des Juifs (78).
Qu’est-ce que «cela veut dire, être raciste» ? A cette question, le rapport souligne qu’une grande partie des Français (86%) évoque avant tout les raisons à l’origine de ces attitudes racistes : «les différences ethniques»/«les origines»/«la nationalité» (41%), «les autres»/«la différence» (36%), «la couleur de peau» (23%), «la religion» (15%), «le mode de vie»/«les coutumes» (11%), etc.
Une proportion quasiment équivalente (84%) relie le racisme aux sentiments et aux comportements engendrés par le racisme, parmi lesquels sont avant tout cités «l’intolérance»/«le rejet» (40%), «la haine» (32%), «la peur»/«l’inquiétude» (8%), «la discrimination» (8%), «les préjugés» (6%), entre autres.
La Commission relève également «un racisme biologique très minoritaire, remplacé par des formes moins radicales de racisme» : «On constate que le racisme biologique a largement disparu en France, seules 9% (+ 1 point) des personnes interrogées estimant qu’«il y a des races supérieures à d’autres», un chiffre qui atteint toutefois 23% chez les sympathisants FN.»
L’évolution de la perception des Français à l’égard de la notion de «race». Source : CNCDH
L’opinion selon laquelle «les races humaines n’existent pas» est plus largement partagée par les jeunes (48% chez les 18-34 ans contre 17% chez les 60 ans et plus), qui ont été socialisés dans un contexte où le concept de «race» est en grande partie délégitimé, ajoute la CNCDH. Les sympathisants de gauche (40%) et surtout les diplômés du supérieur (50%) partagent aussi plus fréquemment cet avis.