Les Québécois d’origine maghrébine ne sont pas épargnés des discriminations à l’emploi. Ils ont en effet deux fois moins de chance de décrocher un entretien d’embauche pour un emploi à Québec, selon la première étude du genre menée dans la région, relayée par Le Journal de Québec.
Ils doivent ainsi envoyer deux fois plus de curriculum vitae pour trouver un emploi que leurs compatriotes dits «de souche», relève Jean-Philippe Beauregard, doctorant en sociologie à l’université Laval et auteur de l’étude, dont il a présenté hier les résultats lors du Congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
«A compétence égale, ils sont ignorés. Ils n’ont pas la chance de se présenter en entrevue», fait remarquer Jean-Philippe Beauregard. Les curriculums envoyés présentaient les mêmes qualifications, mais la consonnance des noms résonnait différemment : les uns étaient d’origine québécoise, les autres maghrébines, pour un total de 202 offres d’emplois réelles.
Les discriminations, bien réelles, diffèrent d’un secteur à un autre. Dans le milieu de la comptabilité, 54,8% des Maghrébins ont été discriminés, contre 33,3% dans le domaine du marketing. Celui des ressources humaines reste de loin le plus discriminant, avec un taux culminant à près de 73%. «C’est là que ça frappe le plus, pour des emplois de coordonnateur et de conseiller en RH. On parle de près de 3 fois sur 4 que le candidat de la minorité est ignoré», explique Jean-Philippe Beauregard.
En moyenne pour l’ensemble des professions, le taux de discrimination s’élève à 50%. En comparaison, la dernière étude du genre qui a été réalisée à Montréal démontrait un taux de discrimination à l’embauche de 35%. Le racisme, les préjugés et les stéréotypes dans la population seraient en partie responsables de cette discrimination, souligne le chercheur.