«Brutal» et «bureaucratique». Tels sont les deux adjectifs choisis par le reporter du New York Times (NYT) pour décrire la vie sous le drapeau noir de Daech. Le quotidien américain se base sur des documents exclusifs de l’organisation «Etat islamique» à Mossoul et révèle des détails effarants de la vie de certains combattants marocains.
Le nom de l’un d’entre eux figurait dans une liste retrouvée parmi les documents récupérés, qui montrent la manière dont plusieurs «citoyens de Daech» vivaient, combattaient et gagnaient leur vie dans le «califat». Une lettre signée le 19 juin 2016 par Tarik B. A. a notamment été publiée par le NYT.
Ce dernier était l’un des kamikazes de l’organisation assigné à «remplir un document» qui exprime son souhait de se battre jusqu’à la mort. Dans cette lettre, il «demande à Daech d’envoyer 600 dollars à sa famille au Maroc», écrit le quotidien américain.
Le Marocain savait qu’il allait mourir ; il était contraint de donner l’argent qu’il devait à sa famille au Maroc pour pouvoir «aller au paradis».
Un mode de vie brutal
Se battre pour l’organisation terroriste n’était pas la seule activité des hommes enrôlés. En réalité, ils devaient aussi travailler pour pouvoir payer des taxes très lourdes. Selon les mêmes documents, les agriculteurs devaient payer un loyer pour pouvoir exploiter des terres que Daech avait confisquées auprès des «non-croyants», en l’occurrence les musulmans chiites.
Lors du début de chaque saison de plantation, ils doivent donner 10% de leur récolte au «gouvernement». «La taxe religieuse» n’est pas la seule à laquelle doivent se tenir les fermiers : ils doivent attendre le feu vert pour vendre le reste de leur récolte.
De plus, les Marocains qui ont rejoint les rangs de l’organisation terroriste depuis 2014 doivent suivre les règles de la charte de la ville. Cette dernière est un document donné aux militants, mentionnant : «Ne pas fumer, boire de l’alcool ou voler. Les femmes doivent être voilées. Les horaires de prière doivent être strictement respectés», ajoute la même source.
«Soyez heureux et profitez de la vie sous la loi islamique qui est équitable et réjouissez-vous d’être dans une terre où les musulmans ont le dessus», lit-on dans la charte. En signant cette dernière, les personnes acceptent les punitions que le «gouvernement» juge appropriées.
Ces conditions de vie sont listées dans les documents collectés par le reporter du NYT et ont sûrement été expérimentés par les 1 664 Marocains qui ont décidé de rejoindre les rangs de Daech.
En avril 2017, le directeur du Bureau central des investigations judiciaires, Abdelhak Khiame, avait indiqué que 1 632 personnes ont rallié des organisations terroristes. Au total, 400 «combattants» ont trouvé la mort et 72 d’entre eux sont retournés au Maroc.