Nouvel épisode dans le dossier de l’accord de pêche conclu entre le Maroc et l’UE en 2014. Fort de la teneur de l’arrêt du 27 février dernier de la CJUE, «la première vice-président de la Commission de la pêche au Parlement européen, Linnéa Engström, a invité l’avocat du Polisario, le Français Gilles Devers, «à ouvrir des négociations en vue de la signer un éventuel traité permettant aux bateaux des Vingt-huit de pêcher dans les eaux du Sahara» nous confie une source.
Cette annonce est totalement en phase avec l’appel lancé le 1e mars par Me Devers aux armateurs européens. «On refuse le chantage à la faillite des 40 armateurs, mais s’ils veulent continuer à pêcher, ils n’ont qu’à s’adresser au Front Polisario pour en obtenir le droit», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Bruxelles.
L’eurodéputée suédoise, membre du Groupe les Verts/ALE, a également exhorté, dans des lettres, les Etats de l’UE à retirer leurs bateaux du Sahara, sans même attendre que l’actuel accord arrive à échéance le 14 juillet prochain. La tâche s’annonce âpre pour les négociateurs de convaincre le Parlement européen
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Linnéa Engström adopte une telle position, en rupture avec la ligne prônée par la Commission européenne et la majorité au sein du Parlement européen. En mars 2017, elle avait appelé l’Union européenne à discuter directement avec le Polisario, en vue d’élaborer une politique générale de gestion des ressources halieutiques dans la province. A l’adresse de la direction du Front, elle avait conseillé de «développer sa politique générale de gestion des ressources maritimes qu’il cherche à contrôler».
Cette position de la part de l’eurodéputée complique la mission des négociateurs marocains et européens. Outre l’arrêt de la CJUE du 27 février, ils doivent s’attendre à un tir de barrage nourri de la part des camarades d’Engström au sein de la Commission de pêche et à la plénière.
Pour mémoire, en décembre 2011, les eurodéputés avaient rejeté le renouvellement d’une année supplémentaire de l’accord de 2007. Une décision prise sur la base des conclusions d’un rapport rédigé par l’eurodéputé finlandais Carl Haglund. Celui-ci prétendait que le traité conduirait à «la surexploitation de certaines espèces maritimes» du Sahara, et serait «illégal» au regard du droit international, car les termes du partenariat «interfèrent avec les ressources de la population locale du Sahara occidental».