Après les incidents survenus en mars dernier, de nouvelles manifestations ont eu lieu cette semaine à Khouribga, pour réclamer des emplois à l’Office Chérifien des Phosphates (OCP). Des manifestations qui ont débordées : Depuis lundi soir, la ville est témoin de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les chomeurs-manifestants de la région. «Des violences ont été signalées mardi et mercredi dans les villages voisins de Khouribga, à Boujniba et Hattane notamment, où les éléments des forces de l’ordre ont dû intervenir pour disperser les manifestations. Deux hélicoptères survolaient aussi le village mais sans intervenir», nous informe Assal Hajaj, président la section Khouribga, de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), joint par téléphone.
Les confrontations ont causé jusque là «plus d’une centaine de blessés dans les deux rangs», nous indique la même source avant d'ajouter que «prés de 30 personnes ont été arrêtées. Elles sont soupçonnées d’avoir participé à des actes de vandalisme». 13 personnes d’entre elles ont été présentées hier, jeudi 7 juillet, devant la justice. Les autres devraient comparaitre aujourd’hui, estime le responsable de l’AMDH.
Pour rappel, il y avait déjà eu de violents affrontements en mars dernier à Khouribga. La police avait procédé au démantèlement de plusieurs campements de chômeurs qui réclamaient d’être embauchés à l’OCP. Le bilan officiel avait fait état de 120 blessés dont 112 éléments des forces de l’ordre. A l’origine des protestations d’aujourd’hui, des promesses d’embauche qui n’auraient pas été parfaitement respectées par le groupe chérifien.
36 000 demandes d’emploi de Khouribga, pour 5800 postes promis au niveau national
Dans un communiqué rendu public en mai dernier, le groupe informe de la mise en place d’«un important plan de redynamisation des régions sur lesquelles il opère». Baptisé OCP Skills, «ce plan concerne 5800 nouveaux emplois pour les besoins industriels et de service au niveau des sites OCP, dans tous les métiers et tous les niveaux. Les recrues seront retenues en toute transparence selon des critères rigoureux. Parmi les nouvelles recrues, une attention particulière sera accordée aux candidats ayant une proximité avec l’OCP, soit en qualité d’enfants de retraités, soit en tant qu’habitants de zones riveraines de ses installations», pouvait-on lire sur le communiqué.
Sur les 5800 promesses d’embauche, l’OCP n’aurait réservé que 2800 pour les habitants de Khouribga et ses environs. Ce quota n’aurait pas satisfait ces derniers qui ont été prés de 36 000 à envoyer leurs candidatures à l’OCP. D’autant plus que «certaines familles ont reçu 3 convocations alors que d’autres n’ont rien vu venir», explique Assal Hajaj.
Le CNDH suit le dossier
Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), qui avait effectué une enquête suite aux violences du mois de mars, n’a pas encore diffusé les résultats de celle-ci. Contacté par téléphone, Mohamed Sebbar, secrétaire général du CNDH nous a assuré que son organisation suit de très prés les événements actuels de Khouribga : «Les nouveaux éléments récoltés vont être inclus à notre enquête. Les résultats du rapport vont être publiés avant la fin du mois».