Le Front Polisario traîne en justice la compagnie aérienne à bas prix néerlandaise Transavia, filiale de KLM, du groupe Air France KLM, pour sa nouvelle desserte entre Paris-Orly et Dakhla, ville connue pour son afflux touristique important et ses sports nautiques, indique Tour Mag, un journal en ligne des professionnels du tourisme.
Après s’être implantée à Casablanca, Marrakech, Agadir, Oujda, Nador, Fès, Essaouira et Al Hoceima, Transavia poursuit effectivement sa lancée à travers l’inauguration, jeudi 26 octobre, d’une desserte entre l’aéroport de Paris-Orly et celui de Dakhla.
Le Polisario réclame ainsi l’interdiction de cette desserte et 400 000 euros de dommages et intérêts, brandissant l’arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 21 décembre 2016. A l’heure où Transavia prépare son personnel navigant commercial à son premier vol entre la capitale française et Dakhla, le groupe se verra remettre ce mercredi, par huissier, une assignation en justice devant le tribunal de Créteil, à proximité de Paris.
Entre espace aérien et géopolitique
Joint par Tour Mag, la compagnie aérienne, qui a signé des accords avec le Maroc, a déclaré avoir obtenu les autorisations nécessaires. «Transavia est une entreprise privée qui a obtenu les autorisations nécessaires auprès des autorités administratives de l’aviation civile en charge», s’est-elle défendue.
«La procédure ne pourra faire annuler le lancement de la ligne, mais nous voulons rappeler que la compagnie viole le droit tel qu'il a été dit par la Cour de justice de l'Union européenne dans son arrêt du 21 décembre 2016», a déclaré de son côté au journal Me Gilles Devers, l’avocat français du Front Polisario. Le 21 décembre 2016, le mouvement séparatiste avait obtenu de la CJUE l'annulation d'un accord de libre-échange agricole entre l'Union européenne et le Maroc.
Le tribunal européen fait une distinction entre le Maroc et le Sahara occidental et y interdit ainsi toute activité économique sans accord préalable de toutes les entités. Ainsi, le mouvement séparatiste avance que ce dernier aurait dû donner son accord à l’autorisation de cette nouvelle liaison. «Notre autorisation ne nous a pas été demandée, nous réclamons donc l'interdiction d'exploitation de la ligne ainsi que 400 000 euros de dommages et intérêts», poursuit Me Devers. «C'est un peu comme si pour atterrir en Belgique, vous demandiez [l’autorisation] à la Suisse», considère-t-il. «Transavia France se met dans une impasse juridique totale.»
«C'est dommage, car le positionnement du Front Polisario est clair : nous sommes pour le développement du territoire», reprend l’avocat. «Mais depuis l'arrêt de la cour, toute entreprise européenne qui vient faire du business ici sait à quoi s'en tenir. C'est une affaire très pro-marocaine.»
Le Polisario ne digère pas le fast food
Pour rappel, l’ouverture d’un restaurant McDonald’s à Laâyoune en juillet dernier avait aussi irrité les sympathisants du Polisario. Un mécontentement contre lequel le géant américain du fast food avait répondu en infirmant toute dimension politique de cette implantation, mettant en avant une décision purement commerciale. «La tradition de la chaîne est de rendre accessible et disponible l’expérience McDonald’s à de nouveaux clients et sur de nouveaux sites», avait déclaré la chaîne. Le Polisario va-t-il également poursuivre McDonald’s pour avoir ouvert un restaurant à Laâyoune ?