«Aucun local pouvant être considéré comme lieu de détention secrète qui pourrait servir, comme on le prétend, à des actes attentatoires aux droits de l'Homme» n’existe au siège de la Direction Générale de Surveillance du Territoire National (DGST) à Temara, près de Rabat. Cette affirmation du procureur du roi à Rabat a été répétée à trois reprises dans la journée de mercredi 18 mai. Après le procureur, le Conseil national des droits de l’Homme a lui aussi déclaré n’avoir rien vu, suivi par de parlementaires. Tous étaient partis inspecter le siège de la DGST, accusé d'être un centre de détention secret où la torture était pratiquée.
Le déni des autorités
Amnesty International, Human Rights Watch et des organisations nationales de défense des droits de l’Homme ont, dans leurs différents rapports, souligné l’existence de ce centre. Le centre était aussi accusé de faire également de la torture «par procuration» au profit d’autres pays, par le député du PJD Mustapha Ramid. Ce dernier avait interpellé le ministre de l’Intérieur Taïeb Cherqaoui, sur son existence. Les autorités, elles, ont toujours brillé par leur silence ou se sont contentées de réponses ambigües. Le ministre de l’Intérieur a expliqué au député Mustapha Ramid : «tous les centres de détention au Maroc sont régis par la loi» et que «toute victime a le droit de porter plainte auprès des instances compétentes».
Le dimanche 15 mai, un grand pas a été franchi. Le pique-nique à l’appel du Mouvement du 20 février et la répression policière qui l’a empêché d’avoir lieu ont été suivis des visites d’inspection du procureur du roi à Rabat, du CNDH ainsi que de parlementaires. Ces derniers n’ont donc rien vu. Cependant, «nous sommes sûrs que ce centre était un lieu de séquestration et de torture. Nous avons des dizaines de témoignages qui ont corroboré ces affirmations», déclare-t-on du côté de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).
Des témoignages accablant
Le site lakome.com, annonçait, le 30 avril dernier, qu’ «une dizaine de grands camions ont quitté le centre de détention de Temara la nuit du mercredi 27 avril». «C’est du jamais vu», soulignaient les témoins cités par le site d’information. Quelques jours plutôt, le 21 avril, une vidéo postée sur Youtube par un «ancien officier de la police judiciaire» accusé «d’appartenir à un groupe terroriste (Anssar Al Mahdi)» et en réclusion à la prison de Salé, s’en prenait à Taïeb Cherquaoui juste après sa sortie au Parlement sur l’existence supposée de ce centre. Abderrahim Tarek. Le prisonnier persiste et signe : «le centre de détention de Tamara existe bel et bien».
Des détenus de la cellule démantelée en janvier dernier (Amgala) pour un projet d’attentat dans le royaume, affirment avoir été enlevés quatre mois avant l’annonce faites par les autorités et disent être passés par le centre de détention de Témara: «nous avons été détenus au centre de Temara où nous avons été torturés», écrivent-ils, dans une lettre transmise au Forum Karama pour les droits de l’Homme.
Plus de torture
Autant de témoignages supplémentaires maintiennent encore le doute sur ce lieu. A-t-il été fermé ou déplacé entre temps ? «Si les autorités ont décidé de fermer cet endroit, c’est tant mieux. C’est une victoire pour nous. Cela ne veut pas dire pour autant que ce lieu n’a jamais existé comme on a voulu nous le faire croire pour Derb moulay Cherif et Tazmamart», déclare Abdelhamid Amine, vice président de l’AMDH. Ce n’est pas Temara, en lui même, qui pose problème, mais plutôt les détentions arbitraires et la pratique de la torture qui pourraient avoir lieu dans d'autres prisons marocaines.