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Grand Angle

Sahara : Ambiguïtés sur Amghala et la découverte d'armes près du Mur de sable

C'était un grand coup : l'arrestation de 27 personnes soupçonnées de terrorisme et la prise d'armes près d'Amghala, annoncés cette semaine par le ministère de l'Intérieur, n'ont rien d'anodin. Mais certaines informations, surtout sur l'emplacement des caches d'armes, ont porté à confusion. En territoire contrôlé par le Polisario ou pas ? Comme d'autres médias, nous avons été induits en erreur, semble-t-il. Une ambiguïté en partie causée par les autorités marocaines.

Publié
Source : ONU
Temps de lecture: 3'

L'enjeu est de taille : Y-a-t-il un lien entre le Polisario et le terrorisme dans la région du Sahel, plus précisément avec Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ? La question a été soulevée dernièrement, quand les armées malienne et mauritanienne ont arrêtés des narcotrafiquants, pour certains issus du Polisario, qui auraient également des liens avec AQMI. Par ailleurs, Foreign Policy, un important journal américain d'analyse de politique internationale, a affirmé qu'il y avait «connivence» entre le Polisario et l'AQMI.

Une réponse affirmative à cette question décrédibiliserait beaucoup le Polisario comme interlocuteur dans les négociations épineuses sur l'avenir du Sahara occidental. En effet, peut-on imaginer un avenir stable pour le Sahara s'il dépend en partie d'un groupe proche de l'organisation qui devient le symbole même de l'instabilité dans la région du Sahel ?

Caches d'armes dans le territoire contrôle par le Polisario ? Pas de déclaration officielle, mais...

Dans ce contexte, l'arrestation de 27 personnes soupçonnées d'appartenir à une cellule terroriste qui aurait eu pour but de mettre en place une base dans le Sahara pour attaquer des cibles au Maroc, n'est pas anodine. Surtout l'emplacement des caches d'armes pouvait donner des indices sur les liens entre le Polisario et AQMI.

Les informations du ministère de l'Intérieur, diffusées par la MAP le 5 novembre 2010, étaient les suivantes : Un «arsenal» aurait été «découvert près d'Amghala (220 km de Laâyoune), après le démantèlement d'un réseau terroriste». De plus, «le colonel de la Gendarmerie royale, Abdellatif Mekouar, a indiqué que la découverte de trois caches d'armes dans la zone de Khang Zriba, près d'Amghala, à 35 km de la ceinture de sécurité, a eu lieu lors d'une opération de ratissage menée suite à des informations parvenues aux Forces Armées Royales (FAR).»

Alors qu'il n'en est question nulle part, l'agence de presse espagnole EFE, reprenant la dépêche de la MAP, a rajouté l'information selon laquelle ces caches d'armes se trouvaient à l'est du Mur de sable, «dans la zone nommée par le Front Polisario comme 'territoire libéré' et que Rabat considère comme une 'zone tampon'». Une information qui s'avère être fausse, mais que nous mêmes avons, dans un premier temps, reprise. D'ailleurs, comme nous l'avions expliqué, le Polisario a rapidement réagi, en démentant que les forces de l'ordre aient dépassé le Mur de sécurité.

D'où vient cette confusion ? Sur les cartes de la région, notamment une carte publiée par les Nations Unies, il y a bien une localité bien connue des Marocains, du nom d'Amghala. Celle-ci se trouve à l'est du Mur de sable, dans la zone "contrôlée" par le Polisario, non loin de la frontière avec la Mauritanie. En essayant de trouver plus d'informations sur Amghala, c'est sur cet endroit que l'on tombait, d'autant plus que l'endroit a joué un rôle important dans l'histoire des conflits frontaliers de la zone.

L'ambiguïté va cependant plus loin. Les distances indiquées sur les dépêches de la MAP semblent coïncider avec l'emplacement de ce village à l'est du Mur de sable. A 220 km de Laâyoune et à 35 km du Mur de sable, voilà les informations données. En appliquant l'échelle de la carte de l'ONU, l'on constate qu'Amghala, en territoire du Polisario, se trouve précisément à ces distances de Laâyoune et du Mur de sable (à vol d'oiseau). Voilà qui porte à confusion.

Plusieurs «Amghala» dans la région

Réda Taoujni, président de l'Association du Sahara marocain, nous a apporté un précieux éclairage : «Amghala serait un nom de localité relativement courant dans la région». Même s'il n'est pas mentionné sur les cartes de la région, il y a un endroit de ce nom à l'ouest du Mur de sable, non loin de Smara, et ce serait là que les armes auraient été trouvées.

En somme, l'ambiguïté sur l'emplacement des caches d'armes, causée en partie par les autorités marocaines, notamment par le biais de la MAP, a fait naître un doute. Mais finalement, les informations diffusées sur cette découverte d'armes à Amghala ne permettent ni de renforcer l'hypothèse selon laquelle le Polisario serait impliqué dans les activités d'AQMI, ni de l'invalider.

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