Les commerçants de Ceuta font la moue. Leurs recettes accusent une baisse significative. En cause, la défection des Marocains. Les récurrentes bousculades que connaît depuis des mois le passage de Tarajal n’encouragent plus les clients à se rendre dans la ville et à y dépenser jusqu’à 600 euros par jour. La fluidité des passages n’est guère assurée comme auparavant.
Les décès de deux femmes enregistrés récemment à la sortie du poste-frontière Tarajal éloignent les potentiels acquéreurs de vêtements ou d’appareils électroniques. Conséquence immédiate de cette baisse de l’affluence : des chiffres d’affaires qui fondent jusqu’à 60%, selon les chiffres révélés par des propriétaires de magasins dans un reportage réalisé par une chaîne locale.
Le ministre de la Justice a subi la colère des commerçants
Face à ces pertes importantes, les commerçants ont laissé éclater leur colère contre le ministre espagnol de la Justice, Rafael Catalá, en visite à Ceuta pour l’inauguration de la 8ème édition des Journées juridiques organisée au siège de la municipalité. Lundi, plus de 500 personnes lui ont réservé un accueil bien particulier, réclamant sa «démission» et criant «Dehors ! Dehors !», rapporte le site d'information El Plural. Le ministre a dû quitter précipitamment les lieux sous une importante escorte policière, ajoute la même source.
Les commerçants exigent en effet du gouvernement de Mariano Rajoy des solutions urgentes aux bousculades quotidiennes que connaît le passage Tarajal. Lundi 29 mai, ils n’étaient pas les seuls à protester contre le ministre de la Justice. Des représentants des deux principaux syndicats en Espagne, les Commissions ouvrières et l’Union générale du travail, ainsi que du PSOE (parti d’opposition) ont apporté leur appui à la contestation.
Le passage frontalier compte six voies. Mais faute de personnel, elles ne sont pas toutes opérationnelles. En 2015, une formation politique, le Mouvement pour la dignité et la citoyenneté de Ceuta, dirigée par Fatima Ahmed, avait réclamé un passage exclusivement réservé aux touristes.
La défection des Marocains n’affecte pas seulement les propriétaires de magasins ; les restaurants et les hôtels en subissent également les conséquences. Les regrettés clients des commerçants de Ceuta appartiennent à la classe moyenne, qui a pris l’habitude de venir passer des week-ends à Ceuta.