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Grand Angle

Portrait : Loubna Ksibi ou le virus de l’entrepreneuriat

A seulement 25 ans, plus rien n’arrête ce bout de femme. Cette Franco-marocaine est à l’origine d’un nouveau concept en France et à la tête d’une start-up innovante. Ayant fait ses armes aux Etats-Unis, elle est revenue dans sa France natale dans le but de laisser son empreinte.

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A seulement 25 ans, plus rien n’arrête Loubna Ksibi. / Ph. Loubna Ksibi
Temps de lecture: 5'

Dynamique et motivée, Loubna Ksibi a débuté son très long parcours à Telecom Ecole de Management, une grande école de commerce intégrée à une école d’ingénieur. Une formation qui lui a valu ses premiers pas dans l’économie et le management, entre autres : «J’ai eu des cours d’économie, de management, de finance et de marketing, mais aussi des notions de digital et de développement web et mobile. C’est à ce moment que j’ai commencé à m’intéresser aux nouvelles technologies et à l’innovation», nous raconte la jeune femme.

Après ses débuts dans le monde de l’innovation et une passion croissante de jour en jour, Loubna Ksibi ne jure aujourd’hui que par ça. Elle décide alors de s’envoler pour le pays de l’Oncle Sam : «J’ai voulu partir en Californie, terre de l’innovation où naissent parmi les plus belles réussites entrepreneuriales», s’enthousiasme-t-elle. C’est ainsi que l’aventure commence pour cette Franco-marocaine puisqu’elle décroche en 2014 un accord pour un échange à l’University of California Irvine (UCI). Pendant 6 mois, elle y fait ses preuves dans le milieu pour qu’«une fois rentrée en France, [elle] postule à l’université Paris Dauphine où [elle] a été acceptée dans le Master IRN : Innovation, Réseaux et Numériques», soit l’un des masters par excellence pour la formation qu’elle recherchait. Aujourd’hui en deuxième année de master, la jeune femme mène ses études en alternance et travaille  en parallèle comme consultante en intelligence artificielle chez IBM Watson.

Avant cela, sa vie professionnelle se ponctuait  de stages, dont un de trois mois au Moyen-Orient : «J’ai fait un premier stage au Moyen-Orient, à Bahreïn en tant que speaker et professeur de leadership et entrepreneuriat pour des élèves de lycée.» Un autre stage l’a marqué : «J’ai fait un stage de 6 mois dans un cabinet de conseil, PwC. C’est là que j’ai rencontré Donia qui était ma collègue à l’époque et avec qui j’ai monté ma start-up. Je suis aujourd’hui chez IBM, consultante en intelligence artificielle en alternance. Et je suis fondatrice de ma start-up : 'Meet My Mama'», dit-elle.

L’entrepreneuriat et Loubna

«L’entrepreneuriat était pour moi une manière de changer les choses, avoir un impact positif. J’ai commencé à m’y intéresser grâce à un ami qui a lui-même monté sa start-up.» Un univers où elle s’épanouie, se plaît et qu’elle ne changerait pour rien au monde.

«Je dois aussi ma passion pour l’entrepreneuriat à mes parents qui par nécessité (après la crise) n’ont pas eu le choix que d’entreprendre. Ça a été une vraie source d’inspiration et une grande fierté», développe Loubna Ksibi. Un papa d’origine rbati et une maman originaire de Ouarzazate ; c’est donc ces parents qui ont piqué la jeune femme et qui lui ont passé cette fibre entrepreneuriale.

Née dans le nord-est de la France, près de Metz, Loubna Ksibi est «très heureuse de faire [ses] études et d’habiter à Paris». La capitale française a adopté l’entrepreneuse qu’elle est. Mais ses racines l’appellent toujours et elle y reste très attachée, «à Paris, il y a beaucoup d’événements, de hackathons et de conférences liés aux nouvelles technologies, à l'innovation et l'entrepreneuriat. De même qu'en Californie, c'est ce qui m'a motivé. J'ai vu que des Startups weekends étaient organisés également au Maroc et c'est très bien, car les Marocains ont toujours eu un esprit entrepreneurial !»

«Je rêve que le Maroc soit la prochaine startup nation, le prochain lieu d'innovation. Le pays est d’ailleurs sur la bonne voie avec la centrale Noor de Ouarzazate». Et d'ajouter : «Avec mon côté à moitié chel7a (berbère, ndlr), je suis flexible et facilement tentée par la prise de risque», confie-t-elle.

Brunch marocain organisé par Meet My Mama. /Ph. Loubna Ksibi

«Après avoir lancé ma start-up, aujourd’hui je veux aider d’autres entrepreneurs à se lancer. Je suis persuadée que 'Anyone can become an entrepreneur', tout le monde peut devenir entrepreneur et je souhaite que les populations, qui en général ne se lancent pas dans l’entrepreneuriat, puisse le faire.»

C’est d’ailleurs ce qu’elle fait désormais en ayant créé un évènement pour les populations «mises à l’écart». Elle organise ainsi le «Startup Weekend Entrepreneurs With Refugees» et le «Startup Weekend Banlieue», des week-ends entièrement dédiés à l’innovation. L’événement se déroule du vendredi soir au dimanche soir et des équipes de personnes mènent un projet innovant qu’ils présenteront au terme de ces «54 heures» à un jury formé.

Quant à «Meet My Mama», sa start-up, «nous avons commencé il y a un an. J’étais en stage dans un cabinet de conseil, et avec ma collègue Donia Amamra nous rêvions de créer une entreprise basée sur un modèle gagnant-gagnant, où on pourrait avoir un impact positif», nous explique-t-elle. Une vie à Paris qui lui a laissé un manque énorme de sa famille et notamment des «bons petits plats» de sa maman, mais aussi une prise de conscience : «On trouvait ça dommage que le talent culinaire de ces femmes ne soit pas valorisé. On a donc voulu les valoriser et les aider, en particulier les femmes réfugiées à qui nous proposons un parcours adapté avec des cours de français, des cours de cuisine... et un suivi personnalisé.»

Une richesse perdue que Loubna et ses associés (Donia et Youssef) ont su mettre en avant puisqu’aujourd’hui elles sont «20 mamas» à faire partie de l’aventure Meet My Mama. «Elles nous viennent du Sri Lanka, de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan, du Nicaragua, de Syrie, de Malaisie, et bien sûr du Maroc.... Ces femmes sont nombreuses à nourrir un rêve : celui de vivre de leur passion pour se révéler et raconter leur culture au travers de leur savoir-faire.» Un phénomène et un rêve qu’elles ne réalisent souvent pas d’après Meet My Mama car elles subissent quotidiennement discrimination et marginalisation de la société. Et pour cause, d’après elle, leur mauvaise maîtrise de la langue est souvent un frein, ainsi que le manque de moyens qui les empêche d’avancer dans ce sens.

«Meet My Mama»

«Meet My Mama», c’est quoi ? C’est tout simplement la proposition de quatre services principaux : traiteur, cours de cuisine, mama’s corner dans les entreprises et enfin un concept de restaurant éphémère où à chaque événement, c'est un nouveau restaurant qui est choisi afin d'offrir au client un voyage gustatif et culinaire. Ce restaurant, se veut un lieu que l'entreprise met à la disposition, le temps d'un repas, de ces fameuses mamas qui se mettent aux fourneaux. 

Le Mama’s corner est quant à lui le moyen de soumettre «des cuisines du monde le midi en entreprise», un moyen de familiariser ces cheffes avec le monde de l’entreprise et de les rapprocher au mieux de la clientèle. «Après avoir goûté à ces recettes authentiques, nos clients n’ont qu’une envie, celle de poursuivre l'expérience et la rencontre avec la mama et apprendre ses secrets culinaires bien gardés. C’est à ce moment que nous proposons des ateliers culinaires à domicile», une machine bien pensée et bien huilée qui permet la pérennité de la société et l’innovation permanente dans le choix de la cuisine et du client.

Bien sûr, Loubna a pu proposer à ses clients un voyage au Maroc : «J’ai été fière et ravie lors du dernier brunch de faire découvrir ma culture (…) au travers d’un brunch marocain, préparé par une mama, Nadera, originaire de Rabat autour de msemens, baghrir, briouates, tajine. Et d’ajouter avec enthousiasme : Tout le monde a aimé. Mais on le sait, la cuisine marocaine est parmi la meilleure du monde».

Sur sa page Facebook, «Meet My Mama» relate chaque évènement, notamment le recrutement d’autres cheffes culinaires. Les brunchs et dîners sont ouverts au public et d’ailleurs le prochain sera un brunch afghan.

Nous n'avons donc pas fini d'entendre parler de cette jeune femme qui s'est donné pour mission d'avoir un impact positif sur la société grâce à l'entrepreneuriat et l'innovation.

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