Au-delà des déclarations louant le «partenariat exemplaire entre le Maroc et l’Union européenne», le royaume aura du mal à convaincre les Vingt-sept de la marocanité des produits agricoles issus du Sahara. La réponse vague et hésitante du ministre espagnol des Affaires étrangères à une question sur ce sujet ne sert guère les intérêts de Rabat.
Alfonso Dastis, dans une interview accordée à la radio Cero, a refusé de reconnaître que les exportations de Rabat issues du Sahara occidental sont belles et bien marocaines. «Il y aura une réponse» à cette question «pour le moment nous n’avons pas cette réponse mais on l’aura».
Une manière pour lui d’esquiver une interrogation délicate pour lui et pour son gouvernement. Il évite, ainsi, d'être en contradiction avec le verdict de la Cour de justice de l’Union européenne, du 21 décembre, qui n’a pas reconnu la souveraineté marocaine sur la province.
Dastis ne souhaite se prononcer avant les services juridiques de l’UE ?
Même si l’Espagne est le principal bénéficiaire de l’accord de pêche dans les eaux atlantiques du royaume, y compris au Sahara, force est de constater que Dastis évite de s’engager clairement du côté du Maroc. Attend-il le verdict des services juridiques de l’UE qui examinent ce problème avant de se prononcer ?
Pour mémoire, la Haute Représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini, avait annoncé en réponse à une question d’eurodéputés pro-Polisario, que les «services juridiques analysent encore les conséquences toutes les conséquences» de la décision de la CJUE du 21 décembre.
Cette position de Dastis est la même qu’il a réitéré, le 12 février à Rabat, devant les responsables marocains. Le chef de la diplomatie s’est prononcé en faveur d’une «solution technique» à même de préserver les intérêts bilatéraux. Mais laquelle ?
Aux hésitations de Dastis, la réponse du Maroc n’a pas tardé à lui parvenir. Le 14 février, à l’occasion de l’ouverture de la 4e édition du Salon Haliuetis, Aziz Akhannouch déclarait sur un ton ferme que «l’Union européenne doit assumer ses responsabilités, car nous n'avons pas le temps d'aller chercher les solutions à des problèmes créés de toutes pièces par une tierce partie».