La hache de guerre entre Hamid Chabat et l’entourage du roi est déterrée. Pour sa première sortie médiatique après les propos incendiaires à son égard, formulés par Taïeb Fassi-Fihri sur la chaîne publique Al Aoula, le secrétaire général du Parti de l’Istiqlal a choisi France 24. Jeudi, le patron du parti historique d’Allal El Fassi a commenté les différentes réactions suscitées par ses propos quant à la «marocanité de la Mauritanie».
En premier lieu, Hamid Chabat a expliqué que sa réunion avec les militants de l’Union général des travailleurs du Maroc (UGTM, bras syndical du Parti de l’Istiqlal) a été «exploitée», arguant que son intervention évoquait un cadre historique qui «s’étale jusqu’en 1969, date à laquelle la Mauritanie est devenue un Etat» (ndlr : Indépendance de la Mauritanie en 1960). L’ancien secrétaire général de l’UGTM persiste et signe, affirmant qu’il ne regrette pas «du tout» ce qu’il a dit.
«Le Parti de l’Istiqlal ne s’est pas excusé. Nous avons dit que s’il y a un malentendu, alors nous présentons nos excuses à nos frères mauritaniens.»
Taïeb Fassi-Fihri, l’artisan à l’origine du mouvement istiqlalien anti-Chabat ?
En revanche, le ton fut tout autre lorsque Hamid Chabat a évoqué les critiques du conseiller du roi, Taïeb Fassi-Fihri. Ce dernier affirmait mardi que les déclarations du secrétaire général de la Balance «ont été à l’origine de multiples problèmes» pour le royaume et sa diplomatie. Des critiques qui ont visiblement irrité l’invité de France 24.
Rappelant que «l’ensemble des composantes de la société marocaine et même celles de l’extérieur ont compris» son message, Chabat a tenté de décrypter l’intervention de Taïeb Fassi-Fihri. «La déclaration du conseiller du roi est malheureusement un message adressé à 17e congrès de l’Istiqlal», a-t-il soutenu, faisant allusion à d’éventuelles pressions pour l’empêcher de briguer un deuxième mandat à la tête du PI.
«Taïeb Fassi-Fihri a refusé de donner plus de précisions lorsque la journaliste lui en a demandées. Cela veut dire qu’il était venu pour une mission précise. Il y a certaines informations qui circulent et selon lesquelles il aurait été l’une des raisons derrière le communiqué du groupe des 38 (dont les Sages du parti qui avaient appelé Hamid Chabat à démissionner, ndlr) qui veut jouer un rôle complètement différent des missions du Parti de l’Istiqlal.»
Chabat candidat à sa propre succession
L’ancien maire de Fès a évoqué sa relation avec le roi, préférant citer la Constitution en réponse à ceux qui parlent d’une éventuelle «colère royale» à son égard. «Je vous garantis que le roi n’intervient pas dans les affaires internes des partis politiques. Dans la Constitution, le souverain est l’arbitre entre les formations politiques», rappelle-t-il.
La formation du prochain gouvernement a aussi été abordée lors de cette interview d’une dizaine de minutes. Sur ce sujet, la figure de proue du parti de la Balance a réaffirmé la volonté de sa formation politique de participer au prochain exécutif. «L’Istiqlal a décidé via son Conseil national de participer au gouvernement. Cette participation a eu des répercussions lorsque la guerre contre le parti a débuté en 2015», fait-il savoir avant de reprendre le discours sur les pressions extérieures. Cette fois-ci, ces propos semblent plus limpides lorsqu’il affirme sans ambages que «le soutien de l’Istiqlal au gouvernement, même si nous n’y participons pas, est toujours d’actualité. C’est au chef du gouvernement désigné d’assumer ses responsabilités historiques en décidant d’être à côté des partis démocratiques nationaux ou dans le camp de ceux qui veulent se retourner contre la démocratie».
A la fin de son intervention, l’actuel secrétaire général du PI a comparé la situation de son parti au décès de Mohcine Fikri. «Le ‘Broie sa mère’ (T’han mo’) qui a été prononcé à l’égard du martyr Mohcine Fikri se dit aujourd’hui sur le parti de l’Istiqlal. Je signale que nous recevons des informations des préfectures et des provinces selon lesquelles des responsables multiplient les contacts», a-t-il averti. Nous n’en saurons pas plus. A la fin de l’interview, Hamid Chabat se contente d’annoncer qu’il sera candidat à sa propre succession.