Ce matin, je me lève comme toujours, un peu en retard pour le boulot. Devant le café du matin, avec seulement un œil ouvert -l’autre essaye de prolonger la nuit de sommeil trop courte- je lis tous mes emails. «Aujourd’hui nous sommes le 8 mars, la journée de la flemme», lis mon seul œil en activité. Spontanément le deuxième œil s’ouvre, et l’euphorie envahit mon corps. J’avais complètement oublié cette journée tombée du ciel, c’est la fête de la flemme.
Je m’empresse donc d’envoyer un email à mon employeur pour lui signifier mon congé pour ce jour qui ne peut être que férié pour les flemmards comme moi. J’en profite également pour envoyer un email de félicitations à tous mes amis connus pour être des glandeurs notoires. Je vais sur Facebook mettre à jour mon statut : «Journée de la flemme : Ne pas déranger, car aujourd’hui c’est ma fête !».
Mais comme par hasard, voilà que de nombreuses amies m’envoient des messages pour me dire : «Espèce de gougeât, c’est la fête de la femme. T’es vraiment un flemmard !».
«Tabernacle», je prends alors conscience de ma bêtise. Ça m’apprendra à lire mes emails avec un seul œil. Quelle excuse vais-je donner à mon employeur ? Comment va-t-il réagir ? J’ai la réponse immédiate en consultant ma boite email : «Monsieur le flemmard, je tiens à vous annoncer que désormais, la journée de la flemme c’est transformé en année pour vous. Vous êtes viré !»
Esthéticienne au masculin
«M’en fou !» me dis-je. De toute façon j’en avais assez de ce job de femmes, esthéticienne. Je ne sais même pas si la profession au masculin existe. Mon emploi de tarlouze étant condamné, j’essaye au moins de rattraper la situation auprès de toutes mes amies sur mon mur Facebook. Je publie donc un nouveau commentaire sur mon statut : «Erratum. Le peu de femmes que je connais vient de me signifier que je me trompe sur la date. Ce n’est pas la journée de la flemme mais la journée de la femme sans «L». Malgré mon intelligence fulgurante, j'ai du mal à saisir comment on peut avoir des femmes sans ailes. Toutes celles que je connais sont de belles colombes.»
C’est là que Kadera, une amie d’enfance originaire de Trappes, m’écris : «Colombe ? Tu m’as pris pour une pigeonne ou quoi ? T’es pas un vrai lascar toi de toute façon. Un pote du quartier qui devient esthéticienne, la honte. Sur la tête de oim, t’es la banane du siècle !». J’ai alors une notification sur mon compte Facebook : «Kadera n’est plus amie avec vous».
Avec une amitié gênante en moins, je publie alors un rectificatif pour conclure cette sale journée de la flemme : «je tiens à souhaiter bonne fête à toutes les femmes... enfin, sauf aux Kadera. Vous savez ce sont les femmes vulgaires qui crachent par terre, et qui au moindre regard, vous sortent : "Kesta toi ? t'as un blème espèce de batard ? Tu veux un coup de boule ?"»
Alors mesdemoiselles, mesdames, malgré toute la flemme qui coule dans mes veines, j’ai pris de mon temps en cette journée du 8 Mars, pour vous écrire cet hommage. A toutes les femmes de la terre, à nos mères, nos sœurs, nos épouses, nos amies (qu’elles soient petites ou pas), à toute nos colombes qui ne crachent pas par terre, je vous souhaite de voler haut dans le ciel, de planer au dessus des nuages, en évitant bien sûr de vous crasher par terre.