Al Aoula : Algérie, Lybie, Yémen… mais rien sur le Maroc
Sur la première chaine chaîne nationale, le journal télévisé francophone de 18h45 ce samedi, s’ouvre sur les manifestations actuellement en cours dans le monde arabe. Une chose attire l’attention. M’hamed Bhiri, annonce les récents évènements dans les manifestations en Algérie. Le développement parle d’un bilan humain qui s’alourdit, évoque même l’évolution de la situation en Libye et au Yémen. S’en suit un sujet sur la Palestine. Lorsque le présentateur revient enfin sur l’actualité marocaine, le premier sujet évoqué est l’état des routes enneigées à Ifrane. Aucun mot sur les manifestations prévues ce 20 février dans les principales villes du Royaume.
2M : Presque rien sur les manifestations en général
Même son de cloche du côté de 2M, où la moitié de l’édition du 20 h 45 du 18 février dernier, est consacrée aux activités royales et à la prévention routière. L’actualité internationale est reléguée loin derrière les sujets de la couverture sanitaire, et des pensions des retraités. Lorsque Ghizlane Taïbi annonce enfin «les manifestations s’étendent dans le monde arabe», elle ne parle que très sommairement de l’Algérie et du Yémen. Cette brève parenthèse constituera la page internationale du JT de 2M ce vendredi. Là non plus, aucune allusion faite à ce que se prépare à vivre le Maroc. Le même constat est fait pour ce qui est de l’édition de ce samedi.
A se demander si l’importance du mouvement qui se prépare est minimisée par les grandes chaines marocaines, ou si le sujet du 20 février dérange au point de museler les médias et de ne pas donner écho aux demandes des manifestants.
Les journalistes marocains mobilisés
Plusieurs journalistes marocains se sont cependant manifestés pour revendiquer leur droit à la parole, et soutenir le mouvement du 20 février. Un appel a été lancé dans ce sens, par un collectif de «journalistes indépendants». Le collectif félicite le succès des révolutions tunisienne et égyptienne, apporte son «soutien inconditionnel aux revendications du mouvement du 20 février», et annonce sa participation audit mouvement.
Par ailleurs, le collectif dénonce «la campagne de diffamation et de dénigrement» menés à l’encontre des manifestants du 20 février. Il réclame la liberté d’information pour les journalistes marocains et étrangers, le «respect du droit à l’information pour toutes les composantes de la société marocaine», ainsi que «l’arrêt immédiat de la manipulation médiatique menée par les télévisions publiques». Plusieurs journalistes de renom ont rejoint ce collectif, dont Driss Ksikes, Ali Lmrabet, Ali Anouzla, Ali Amar ou encore Boubker Jamaï.
Dans un communiqué relayé par la MAP, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), de son côté, s’est exprimé pour la liberté d’information des journalistes. Le SNPM souligne dans son communiqué que «la liberté de la presse exige la garantie du droit des journalistes à la libre circulation et à la couverture de tous les événements», rapporte la MAP.
Le SNMP a également rappelé que «les médias publics sont appelés à jouer pleinement leur rôle, en tant que service public, dans la diffusion de l'information en toute transparence». L’organisme a conclu sn communiqué, estimant que ses membres «ont le droit d'exprimer leurs opinions politiques et de prendre les positions qu'ils jugent adéquates selon leurs obédiences».