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Grand Angle

Baccalauréat et Ramadan, le tandem impossible ?

Cette année, les épreuves du baccalauréat se dérouleront en même temps que le Ramadan. Les candidats devront-ils rompre leur jeûne pour le passer dans de bonnes conditions, telle est la question ?

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En France, un principe de dérogation est toléré pour les élèves souhaitant rompre le jeûne. SIPA/ POL EMILE
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Concilier Ramadan et examens, c’est le défi que devront relever les lycéens français cette année. Tandis que la communauté musulmane de l’Hexagone a déjà entamé le mois sacré ce lundi 6 juin, après l’annonce du Conseil français du culte musulman (CFCM) conformément au calendrier lunaire, les épreuves du baccalauréat s’étaleront du 15 au 22 juin prochain. Au programme notamment, des nuits raccourcies pendant lesquelles il faut recharger les batteries et, surtout, se rassasier suffisamment pour tenir les 18 à 19 heures de jeûne journalier.

Un principe de dérogation est toutefois toléré. «Si le jeûne empêche un lycéen de bien se concentrer et qu’il se sent mal, il peut l’interrompre et le “rattraper” ultérieurement», explique au Monde Makhlouf Mamèche, président de la Fédération nationale de l’enseignement musulman. Une question récemment abordée au Conseil théologique musulman de France (CMTF), une instance créée en mai 2015 «qui a émis [dimanche 5 juin] un avis (fatwa) autorisant les candidats à des examens qui en éprouveraient le besoin à rompre le jeûne, en particulier lorsqu’ils ont des épreuves l’après-midi. Charge à eux de rattraper des journées après la période officielle du ramadan», écrit Le Monde. «L’islam n’est pas là pour mettre la santé en danger. Plus de 19 heures de jeûne, ce n’est pas rien médicalement», ajoute pour sa part Mohamed Bajrafil, membre du CMTF, imam à la mosquée d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et enseignant dans le secondaire.

«Un défi personnel»

Au Maroc aussi, baccalauréat et Ramadan se côtoieront trois jours durant, à compter du mardi 7 juin. Cadre supérieur dans la fonction publique, Mohamed ne voit rien de mal à ce que les élèves rompent le jeûne durant les jours des examens puisqu’il s’agit, pour reprendre ses termes, d’un «cas de force majeure». Il en a même fait la proposition à sa fille bachelière : «j’ai beau lui expliquer que dans pareils cas, la nécessité fait loi et qu’elle peut compenser les jours qu’elle n’a pas jeûnés après le Ramadan, rien n’y est fait. Elle est déterminée, coûte que coûte, à se présenter à jeun aux examens. Il semble qu’elle prend cela comme un défi personnel et je ne peux que lui souhaiter bon courage», confie-t-il non sans fierté à la MAP.

 «Je reçois dans mon cabinet plusieurs élèves et parents pour qui cette question – baccalauréat et Ramadan – constitue une source de préoccupation principale. D’autant plus que les épreuves se dérouleront les premiers jours du Ramadan, une période qui se caractérise par tout un chamboulement du rythme de vie et du système alimentaire, une baisse de la concentration... Pour pouvoir tenir le coup, je leur conseille de manger bien et équilibré après la rupture du jeûne et avant l’aube, et d’emmener avec eux à la salle d’examen une bouteille d’eau et quelques dattes afin de parer à tout incident de santé», recommande quant à lui Abdelmajid Loukili, directeur du centre Najah de formation, coaching et conseil. Pas de quoi s’alarmer, donc. 

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