La légalisation de la culture du cannabis est à l’origine d’une nouvelle passe d’armes à la Chambre des représentants à l’occasion de la session hebdomadaire des questions orales, mais cette fois entre le PJD et l'Istiqlal. C'est une banale question sur les soins contre l’addiction aux drogues, adressée au ministre de la Santé, qui a mis le feu aux poudres, donnant lieu à une confrontation directe entre les présidents des deux groupes de députés. Le PAM, d'habitude locace sur le sujet, est resté silencieux, se contentant du rôle de spectateur.
Dans sa réponse, El Houssaine Louardi a énoncé les différentes interventions de ses services au profit des malades dans les hôpitaux et dans le milieu carcéral. Le ministre a admis que «les huit centres hospitaliers» ne pourront suffire alors que le nombre de cas croît sensiblement. «Nous n’avons pas les moyens de nous occuper de tous les patients», a-t-il reconnu.
PJD contre Istiqlal
C’est Abdellah Bouanou qui a ensuite réagi. Le maire de Meknès a dénoncé la campagne appelant à la légalisation de la culture du cannabis. Le PJDiste a accusé les promoteurs de la dépénalisation de «vendre une illusion» particulièrement à la population concernée par la culture du kif. L'interpellation du député de la Lampe n'ayant pas suscité de réaction, il est revenu à la charge en répétant ses griefs portés contre la légalisation de la culture du kif. C'est alors que le président des députés de la Balance a exprimé le besoin de rectifier quelques points.
Dans son commentaire, Mohamed Moudiane a précisé que son parti ne prône pas la dépénalisation de toutes les drogues mais uniquement la culture du kif. L’istiqalien a expliqué que la stratégie de son parti sur ce sujet n’obéit pas à des calculs électoralistes. Au passage, il a réitéré son appel à l’abrogation du dahir 1974 relatif à la répression de la toxicomanie et la prévention des toxicomanes. Moudiane a conclu son intervention en rappelant que des milliers de petits agriculteurs cultivant du kif et qui font l’objet de mandats d’arrêt sont en fuite ou en liberté provisoire. Ils restent suspendus à une solution définitive à ce dossier pour retrouver leurs familles.
La légalisation de la culture du cannabis est une question qui polarise la classe politique. Le PAM et l'Istiqlal militent pour un assouplissement de la légalisation, alors que le PJD et le PPS s'y opposent fermement.