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Grand Angle

Belgique : Le ministre de l'Intérieur sous le feu des critiques après des propos islamophobes

Il est désormais sous le feu des critiques les plus virulentes. Les propos islamophobes du ministre de l’Intérieur belge, Jan Jambon, ont fait réagir au sein de la communauté musulmane comme de la classe politique belge. Dans une interview à un quotidien flamand, le ministre de l’Intérieur belge a indiqué qu’une «partie significative» de la communauté musulmane avait célébré  par des scènes de liesse, les attentats de Bruxelles. Des propos stigmatisants qui lui ont valu une volée de bois vert.

 

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La polémique enfle en Belgique. Alors que le pays tout entier panse encore les stigmates des attentats de Bruxelles et dénonce la terreur, une déclaration est venue saper les efforts de reconstruction de l’unité nationale dans la diversité. Samedi dernier, dans une interview au quotidien flamand Standaard sur la politique d’intégration en Belgique, le ministre nationaliste flamand estime que celle-ci a échoué. Et pour preuve, le ministre de la coalition de droite au pouvoir depuis octobre 2014 a affirmé qu’«une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l’occasion des attentats».

«Ils ont jeté des pierres et des bouteilles en direction de la police et de la presse au moment de l'arrestation de Salah Abdeslam. C'est ça le vrai problème. Les terroristes, on peut les arrêter, les écarter de la société. Mais ils ne sont qu'une pustule. En dessous se trouve un cancer beaucoup plus difficile à traiter. Nous pouvons le faire, mais pas du jour au lendemain », a poursuivi le ministre de Nouvelle alliance flamande (N-VA).

Faits ou amalgame ?

Des faits isolés et un vocabulaire nauséabond pour stigmatiser une communauté qui a pourtant participé, ce dimanche même à la marche de protestation destinée à dénoncer le terrorisme et la haine. Pourtant, le ministre persiste et signe. Alors que ses déclarations lui ont valu des critiques de tout bord, Jan Jambon s’est risqué à une explication qui ne fait qu’envenimer le débat. «J'ai juste donné des faits. Je pense qu'en démocratie tout le monde a le droit d'avoir les faits », persiste Jan Jambon au micro de la RTBF. «Ce sont des faits. Beaucoup de gens peuvent témoigner de cela. Les différents services sur le terrain nous l'ont rapporté. J'ai donc nommé les faits. Dans une démocratie, c'est important, je pense », poursuit-il.

Pourtant, sur les faits imputés à la «partie significative de la communauté musulmane», un cinglant démenti lui a été apporté par le président bruxellois et collègue, Rodi Vervoort. Il confirme que la police a arrêté deux individus qui tentaient de se rassembler près du domicile d’un des terroristes des attentats de Bruxelles pour faire la fête. «Il n'y a que ce fait-là qui a été porté à ma connaissance sur le territoire de Bruxelles », déclare Rodi Vervoort. Faut-il pour autant étendre un fait isolé à l’ensemble des Belges de confession musulmane ?

Pluie de réactions de condamnations

 «Si sur base d'un seul élément isolé, on en tire des généralités - c'est ce que j'appelle des amalgames -, je trouve qu'intellectuellement ce n'est pas très correct, ça ne facilite pas les choses, nous n'avons pas besoin de cela en ce moment », a réagi le président de la région de Bruxelles. Une partie de l’opposition belge a réclamé des explications aux propos du ministre. Au sein même du gouvernement, les deux vice-premiers ministres Alexander De Croo et Kris Peeters ont pris leurs distances par rapport aux propos de Jan Jambon. Kris Peeters estime qu’il «n’est pas intelligent de polariser le débat». D’autres membres du gouvernement se sont quant à eux, désolidariser des propos polémiques. «Tout le monde peut se tromper, mais ce genre de déclaration est dommageable pour l'union du pays », estime le ministre de la Justice, Koen Geens.

Dans la controverse, le premier ministre belge, Charles Michel a joué aux équilibristes. Tout en atténuant les propos de son ministre, il condamne les amalgames. «Je confirme qu'il y a eu des expressions de soutien aux auteurs des attentats. Le Conseil (national) de sécurité en a d'ailleurs été informé. Il s'agissait d'actes provenant de personnes minoritaires, et il ne convient pas de faire des généralisations. Ce sont des faits interpellants, qu'il ne faut pas nier par une forme d'angélisme », a confié le chef du gouvernement à l’agence Belga.

La communauté musulmane dénonce des «propos irresponsables»

Au sein de la communauté  musulmane, la pilule est difficilement passée. Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, Initiatives citoyennes pour un islam de Belgique (ICIB) fait part de sa «consternation» et de son «étonnement ». «Tout en condamnant ces déclarations irresponsables et ne reposant sur aucun élément matériel, le Conseil d’Administration des ICIB reproche à Monsieur Jambon de mettre de l'huile sur le feu et d'attiser les divisions au sein de la population belge, au moment où par milliers, toutes obédiences confondues, ces mêmes belges ont marché hier cote à cote pour crier leur refus du terrorisme et de la haine », écrit l’ICIB dans son communiqué. 

Fatima Zibouh, une des organisatrices de la marche de dimanche, a indiqué au sortir d’une rencontre avec le premier ministre avoir lancé un message à dépasser les propos offensants du ministre de l’Intérieur. Elle a indiqué préférer le message de «plus-value de la diversité culturelle du pays, plutôt que de s'attarder sur de petites phrases qui font mal, qui ont touché la communauté musulmane et les Molenbeekois ». C’est peut-être là que se trouve la vraie arme pour combattre des propos stigmatisants pour la communauté musulmane qui ne sont pas sans rappeler, une rhétorique de scènes de liesse attribuées aux musulmans au lendemain du 11 septembre 2001.


"Des musulmans ont dansé lors des attentats": les propos de Jan Jambon ont choqué

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