La situation des droits de l’Homme au Maroc est loin d’être positive, selon le rapport 2015/2016 d'Amnesty International fraichement publié et qui rend compte de l’état des droits de l'Homme dans 160 pays à travers le monde. En effet, tous les facteurs déterminant le respect des droits humains sont encore marqués par d’évidentes lacunes, à en croire la même source.
Restrictions à la liberté
Amnesty a ainsi noté au cours de l’année dernière des «restrictions» à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Le rapport évoque notamment des poursuites contre des journalistes «considérés comme ayant insulté des personnalités et les institutions étatiques et qui avaient critiqué» l’action gouvernementale en matière de droits humains. Les auteurs citent, entre autres, le cas de Hicham Mansouri condamné pour «adultère à l’issue d’un procès inique qui lui aurait été intenté pour des motifs politiques».
Le document fait également état de diverses manifestations dispersées avec quelques fois usage de la force par les forces de sécurité, ainsi que des arrestations, harcèlements ou poursuites contre des groupes de défense des droits humains ayant critiqué le gouvernement. Même constat au Sahara où Amnesty note également la restriction de l’accès au territoire à des journalistes, défenseurs des droits humains et militants étrangers.
Torture, discrimination envers les femmes ...
En matière de torture et autres mauvais traitements, plusieurs ont été signalés, relève l’ONG ajoutant qu’il y a également eu «des procès inéquitables». A ce niveau le constat de l’ONG internationale est clair : «Les autorités n’ont pas fait en sorte que les détenus soient correctement protégés contre la torture et les mauvais traitements».
Les droits des femmes en outre restent marginalisés, nombre d’entre elles étant toujours victimes de discrimination, selon le rapport. L’ONG relève également qu’aucun projet de loi sur l’accès à l’avortement n’a été rendu public fin 2015, alors que la révision des lois restrictives y afférentes ont été ordonnée par le roi Mohammed VI au mois de mars de la même année.
Concernant les migrants et demandeurs d’asile, Amnesty note des arrestations «arbitraires» avec «utilisation excessive de la force». A noter que sur la question des migrants, le Maroc est régulièrement cité sur un ton critique dans le bilan d’Amnesty sur les droits de l’Homme en Espagne. Rappelons qu’en novembre dernier, l’ONG a demandé l’arrêt de la coopération entre les deux royaumes.
Impunité
Par ailleurs le présent rapport dénonce également la situation des victimes d’atteintes graves aux droits humains commises entre 1956 et 1999. L’ONG regrette que Rabat n’ait toujours pas mis en œuvre les recommandations émises par l’Instance équité et réconciliation (IER), qui a examiné ces atteintes aux droits humains, notamment l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre l’impunité.
Ces derniers mois, les rapports entre Rabat et Amnesty International sont un peu tendus suite aux sorties de l’ONG sur le traitement des journalistes et militants associatifs au Maroc. Le gouvernement avait d’ailleurs accusé l’Organisation de partialité. Amnesty entend toutefois, par son rapport annuel, indiquer aux Etats les facteurs sur lesquels ils devraient s’améliorer, afin de progresser dans le respect des droits de l’Homme.