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Grand Angle  

En France, "L'islamophobie est soutenue par l'Etat" selon un spécialiste du fait religieux

La réaction du sociologue et spécialiste du fait religieux, Raphaël Logier accusant l’Etat et ses appareils de soutenir l'islamophobie, a relancé le débat sur la laïcité en France. Le premier ministre Manuel Valls a sévèrement critiqué l'Observatoire de la laïcité en reprochant à son président d'avoir signer une tribune contre le terrorisme avec des organisations controversées et à son rapporteur général d'avoir critiqué la philosophe Elisabeth Badinter. Mais l'Observatoire lui a apporté sa réplique. Un bras de fer qui relance sans doute le débat sur la conception de la laïcité en France.

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Le débat sur la laïcité va-t-il rythmer cette année pré-électorale en France? Sur les ondes de France Info hier, le sociologue et spécialiste du fait religieux, Raphaël Liogier a sévèrement critiqué le premier ministre français, Manuel Valls à propos de ses critiques adressées à l'Observatoire de la laïcité. 

Le sociologue a estimé que le premier ministre envoie un message discriminant face au racisme religieux. Une position qu'il a résumée en cette formule: le premier est en train de dire "On n'a pas le droit de dire qu'on est antisémite, on peut légitimement dire qu'on est islamophobe". Et le spécialiste du fait religieux d'ajouter, "cela veut dire que l'islamophobie est soutenue par l'Etat, soutenue par l'appareil d'Etat: vous vous rendez compte de la gravité de la chose pour les gens qui sont musulmans et qui ont aussi peur du terrorisme? [...] Je trouve que c'est irresponsable".

La sortie de Raphaël Lioger intervient après que Nicolas Cadène, le rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité a regretté dans un tweet les propos d'Elisabeth Badinter sur France Inter le 6 janvier selon lesquels, "il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe". Sans la nommer, le rapporteur général a tweeté: "Quand un travail de pédagogie de 3 ans sur la laïcité est détruit par une interview".

La réponse du premier ministre français ne s'est pas fait attendre. «Un collaborateur d’un observatoire de la République ne peut pas s’en prendre à une philosophe comme Elisabeth Badinter – pas parce qu’elle est philosophe ni parce qu’elle s’appelle Elisabeth Badinter, mais à partir de ses propos : c’est une défense intransigeante, que je partage d’ailleurs, de la laïcité dans bien des domaines. Et ça, ça doit être rappelé à chacun», a estimé Manuel Valls. 

Critique du premier ministre et réplique du président de l'observatoire

Mais sa critique la plus sévère s'est adressée, lundi dernier lors d'une conférence-débat des Amis du Crif, au président de l'Observatoire. le chef du gouvernement a reproché à Jean-Louis Bianco, d'avoir signé dans le quotidien Libération, une tribune aux côtés 80 personnalités dont certaines sont cataloguées proches des Frères musulmans et du Collectif contre l'islamophobie en France pour "condamner le terrorisme" après les attentats de novembre dernier.

Le premier ministre français a indiqué "qu’on ne peut signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme" aux côtés d'organisations promouvant "un climat nauséabond". Il a par ailleurs estimé que "l'Observatoire de la laïcité, qui est placé sous [sa] responsabilité, [...] ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité". 

Face à la critique, Jean-Louis Bianco a répondu dans une interview au Monde que la conception de la laïcité de l'observatoire "n’est pas un choix intuitif ou idéologique. Ceux qui dénaturent la laïcité, ce sont ceux qui en font un outil antireligieux, antimusulman, qui prétendent, ce qui est une monumentale erreur sur le principe même de laïcité, que l’espace public est totalement neutre, comme si nous n’avions plus le droit d’avoir des opinions".

Le président de l'observatoire va même plus loin en reconnaissant "qu’il est vrai qu’une réaction laïciste intégriste se développe depuis quelques années en France". Toujours selon lui plusieurs théoriciens de la laïcité "avaient rappelé que la loi de séparation des Eglises et de l’Etat était d’abord une «loi de liberté». Certains veulent remettre en cause ce principe de base car, pour eux, au fond, ce qui touche à l’islam serait par nature antirépublicain".  

En tout cas, une chose est sure, en cette année pré-électorale, cette polémique sur la conception de la laïcité est loin d'être terminée.


Raphaël Liogier : "Il ne faut pas que Manuel... par FranceInfo

Article modifié le 2016/01/20 à 15h53

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