Ils se sont fait un nom dans le milieu journalistique. Mais cette réputation va désormais être irrémédiablement associée au scandale qui accompagne «leur folle audace» comme le commente l'avocat du roi du Maroc, Me Éric Dupond-Moretti.
Eric Laurent : De laudateur à présumé maître-chanteur
Il y a d’abord Eric Laurent. Diplômé en droit et en Sciences de la communication à l’Université de Californie à Berkeley. Il débute sa carrière en tant que journaliste au Figaro en 1985 où il roule sa bosse dans les entretiens avec les chefs d’Etats et les personnalités internationales comme Kadhafi, John McCloy ou encore Hassan II. Spécialiste de politique internationale, en finance internationale et en géopolitique du pétrole, Eric Laurent travaillera ensuite pour France Culture.
En 1993, le journaliste signe le seul livre-entretien sur le défunt roi Hassan II. L’ouvrage se veut laudateur et est intitulé La mémoire d’un Roi, publiée en 1993 aux Editions du Seuil. Dans une longue interview, le journaliste reprend les positions de Hassan II sur des questions d’actualité et sur les relations du Maroc avec les autres pays. En 2000, il signe «en bonne entente avec le Palais» comme le note Jeune Afrique, Le Génie de la modération : réflexions sur les vérités de l’Islam. Le journaliste sera l’auteur de plusieurs autres ouvrages sur les relations supposées entre la famille Bush et l’entourage de Ben Laden et Saddam Hussein.
S’il jouait du violon sous le régime de Hassan II avec ses écrits flatteurs, le journaliste publie en 2012, un livre au vitriol sur le monarque marocain. Intitulé Le Roi prédateur, Main basse sur le Maroc, l’ouvrage crée la polémique et sera à l’origine de l’interdiction du journal espagnol El Pais au Maroc qui en avait publié les bonnes feuilles. Avec son livre à charge pour une sortie programmée «janvier-février», le journaliste aurait tenté de faire chanter le roi. Il sera finalement arrêté.
Catherine Graciet, de co-auteure à co-accusée
Dans l’affaire de ce scandale, il y a aussi Catherine Graciet. Cette journaliste indépendante est une fine connaisseuse du Maroc où elle a aiguisé sa plume pour le Journal Hebdomadaire. Crée en 1997 par Aboubakr Jamaï, le journal, très critique envers le régime, est fermé en 2010 sur décision judiciaire du tribunal de commerce de Casablanca en raison de plusieurs dettes accumulées.
Entre-temps, Catherine Graciet s’est aussi essayée à l’écriture. Elle co-écrit avec Nicolas Beau en 2006, un livre intitulé Quand le Maroc sera islamiste, aux Editions La Découverte. En 2009, elle est l’auteure de l’ouvrage La Régente de Carthage, main basse sur la Tunisie, qui accuse Leila Trabelsi, l’épouse de Ben Ali, de s’être appropriée les richesses du pays. En 2013, elle publie au Seuil, Sarkozy-Kadhafi, Histoire secrète d’une trahison, dans lequel elle affirme, sur la base du témoignage d’un ancien responsable politique libyen, la thèse du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par l’ancien Guide autoproclamé de la révolution libyenne.
Auparavant, elle avait co-écrit avec Eric Laurent le livre le Roi prédateur. Aujourd’hui elle se retrouve co-accusée avec ce même Eric Laurent pour tentative d’extorsion de fonds et chantage.