L’agression de l’homme considéré comme homosexuel à Fès prend des tournures politiques. Le groupe des députés du Mouvement populaire, une des composantes de la majorité gouvernementale, entend saisir le ministre de la Justice mardi prochain à l’occasion de la session des questions orales à la Chambre des représentants.
Les élus «Harakistes» comptent interpeller Mustapha Ramid sur les mesures prises par le gouvernement Benkirane pour assurer «la protection de la liberté et des droits civiques, garanties par la constitution» contre des «agissements extrémistes» alors que «la culture de la société est basée, dans le cadre de sa diversité, sur le respect des spécificités (…) et des libertés privées». Des «qualités qui font du Maroc un espace assurant la dignité des individus et des groupes dans le respect total de l’Etat de droit», tient à préciser le groupe du MP.
Le MP tente de rattraper le PPS et au RNI
Les amis de Mohand Laenser tentent eux aussi de surfer sur la vague de la modernité et des libertés individuelles au Maroc. Ils font ainsi leur entrée sur un terrain naturellement réservé aux associations des droits de l’Homme et à quelques partis d’extrême gauche. Et cette démarche n’est pas dénuée de calcul politique. L’initiative permet, en effet, à la direction du MP de combler son retard sur le PPS et le RNI qui n’avaient pas hésiter à exploiter l’affaire des jupes courtes d’Inezgane.
L’agression du prétendu homosexuel de Fès offre donc au groupe parlementaire du MP une opportunité pour porter le dossier des libertés individuelles devant le parlement. Seulement, il y a de fortes chances qu’ils ne soient pas les seuls à profiter de l’occasion. Dans des déclarations à Yabiladi, une source au parlement n’écarte pas la possibilité de voir le PAM et l’USFP, tout deux membres de l’opposition, ainsi que deux autres composantes de la majorité, à savoir le RNI et le PPS, saisir Mustapha Ramid sur le même sujet.
Contrairement à ce qui s’était passé avec la polémique du concert de Jennifer Lopez, personne ne devrait «persuader» en coulisses les députés du MP ou de tout autre formation politique d’annuler leurs questions. En effet, les signaux sont au vert après la sortie des ministres de l’Intérieur et la Justice contre les autoproclamés «brigades de la vertu». Et hier le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, est même monté au créneau pour dénoncer ceux qui cherchent à se faire justice eux-mêmes.