Menu

Grand Angle

Après Marmiton, le tagine du Figaro. Quand les islamophobes s'étouffent !

Déjà 14 ans que politiques, intellectuels médiatiques et journalistes se donnent la main pour cultiver la haine dans les cerveaux des Français. Après le code vestimentaire, les piscines, les hôpitaux, nous sommes passés à la nourriture halal avec les restaurants Quick et les menus des cantines scolaires. Désormais même les recettes de cuisine vaguement "orientales" provoquent des nausées islamophobes.

Publié
Le tagine d'agneau aux pruneaux du Figaro / Ph. Miele - Lefigaro.fr
Temps de lecture: 3'

Qu'on se le dise : l'islamisation de la France passe désormais par les recettes de cuisine sur les sites Marmiton et Le Figaro. Ces derniers ont eu le malheur de publier des recettes de cuisine marocaines ou plus largement "orientales" à l'occasion du mois de Ramadan. Si les anti-capitalistes n'y verront qu'un simple opportunisme de médias porte-drapeaux de la société de consommation, les anti-musulmans y voient une menace pour la patrie, une insulte à leur identité.

Mais comment en est-on arrivé à craindre cette prétendue branche culinaire d'Al Qaïda ? La droite serait-elle devenue islamo-tagine ? Considérer une recette de cuisine comme le nouveau cheval de Troie d'un islam conquérant montre à quel point la France pédale dans la semoule. A l'image de la Maïté du Figaro qui nous a offert un ersatz de tagine aux pruneaux, avec supplément de semoule pour faire plus arabe.

Cogito ergo semoule

La défense d'une laïcité fantasmée est devenue un réflexe pavlovien donnant ainsi un côté hystérie collective au peuple qui jadis a enfanté un René Descartes. Le cyber-activisme des identitaires sur les réseaux a remplacé la raison. La bête immonde que politiques de droite comme de gauche, intellectuels des plateaux, et médias ont nourri depuis 14 ans, est devenue autonome. On a lentement conditionné toute une population à la haine de l'autre et surtout du musulman.

La critique de la religion n'a été qu'un cache-sexe d'un racisme anti-arabe et anti-noir qu'on a trop vite considéré comme disparu, comme le nuage de Tchernobyl aux frontières de notre Alsace concordataire. Pourtant en Corse, une chanson de John Lennon chantée en arabe pour une kermesse dans une école a été considérée comme une menace islamique par beaucoup de parents. Les paroles de Imagine auraient-elles été réécrites par les Frères musulmans ou pire par Aboubakr El Baghdadi ? De même, doit-on considérer que le tagine, la chorba ou les bricks au thon ne sont pas Charlie ? 

Nous sommes tous Charlie Martel ?!

Tous les islamophobes sont en tout cas persuadés que la prochaine guerre de l'islam contre la France sera une bataille de la bouffe. Certains soldats du 3ème régiment de confiserie ont même pris soin de placer dans leurs poches des munitions alimentaires contre les ennemis de l'intérieur, à savoir les individus croisés dans la rue et supposés musulmans car frisés et avec le teint basané.

Y a-t-il quelqu'un pour leur expliquer qu'un jeûneur qui voit de l'eau ou même une personne en train de boire ne va ni souffrir ni mourir ? On a l'impression d'être face à des enfants de classe de maternelle qui se surpassent dans les blagues les plus débiles. La culture de la haine a en effet cette capacité formidable de faire baisser sensiblement le QI moyen d'une population éduquée. On le savait déjà, mais la visibilité donnée à la bêtise grâce aux réseaux sociaux a rendu le phénomène à la fois contagieux et oppressant. 

Le sursaut républicain se fait attendre pour dénoncer les discours nauséabonds qui ont cheminé de l'extrême-droite vers une large partie de la classe politique et de la société. 

Pendant que des Français s'étouffent avec les pruneaux (ou la semoule) du pseudo tagine du Figaro, d'autres Français pourront aller prendre le ftour chez leurs compatriotes de confession musulmane. En plus de la traditionnelle harira ou chorba, ils pourront y déguster du gratin dauphinois, des pizzas et des nems. Cette table dressée offrira une jolie leçon aux "talibans" de la pureté de la race, de la langue, de la cuisine... Car une gastronomie, au même titre qu'une société ou une culture, s'enrichie des rencontres et des brassages.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com