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Grand Angle

Casablanca : Population et personnel de l’ONEE décidés à « lutter » jusqu’à la suspension du processus de cession à Lydec

Après la grève nationale organisée hier, mardi, le principal syndicat des employés de l’ONEE et les associations de défense des droits des populations entendent «résister» jusqu’à la suspension du processus de cession à Lydec de la gestion déléguée de 7 communes de la région casablancaises. Un front associatif devrait bientôt voir le jour, mais pour Lydec, la convention signée par les autorités est tout à fait légale. Détails.

Publié
Photo : Nadir Bouhmouch
Temps de lecture: 3'

C’est un véritable bras de fer qui continue entre le syndicat des employés de l’ONEE et les autorités dans l’affaire du transfert de la gestion déléguée par l’ONEE à Lydec de 7 communes de la région du Grand Casablanca. Après des manifestations organisées le 25 mai dernier, la Fédération nationale des travailleurs de l’énergie (FNTE-UMT) -principal syndicat des employés de l’Office national- a observé, mardi 16 juin, une grève nationale pour protester contre le transfert de la gestion déléguée à la filiale marocaine de Suez Environnement.

Dans le cadre du processus d’harmonisation du périmètre des services de la distribution d’eau, d’électricité et de l’assainissement public dans le Grand Casablanca, une convention de cession à la Lydec avait été signée en septembre 2014, en présence du roi Mohammed VI, par les ministères de l’Intérieur, de l’Economie, de l’Energie, la Wilaya du Grand Casablanca, l’Autorité régionale délégante des services de distribution d’électricité et l’ONEE. Selon le document, ce transfert de gestion concernant 7 communes casablancaises (Lissasfa, Ouled Salah, Sidi Maarouf, Mediouna, Ahl Loghlam, Ben Yakhlaf et Chellalat) jusque-là gérées par l’ONEE est fondée entre autres sur l’urgence que revêt la protection de la Région contre les inondations, la vocation de Lydec à intervenir sur tout le Grand Casablanca de sorte que son périmètre d’activité coïncide à terme avec le périmètre de la région ou encore «l’intention exprimée» par les communes concernés d’attribuer la gestion de la distribution d’électricité, d’eau potable et du service d’assainissement liquide à un seul opérateur.

Avenir professionnel menacé?

Cependant, syndicat et associations dénoncent depuis plusieurs mois une démarche «illégale». «Selon la charte communale, chaque commune est souveraine dans la décision de la gestion déléguée. Mais dans le cas actuel, certains élus n’étaient même pas informés», explique à Yabiladi Omar Radi d’Attac Maroc, une association qui soutient les citoyens et le personnel de l’ONEE. De plus, poursuit-il, «la loi sur la gestion déléguée adoptée en 2006 stipule qu’elle doit faire l’objet d’un appel à concurrence et les cas exceptionnels permettant une négociation directe ne correspondent pas à la situation présente».

Une thèse appuyée par la FNTE-UMT. Le syndicat estime que la démarche des autorités est un «mépris total de la loi, des procédures en vigueur et des principes de la démocratie participative», note son communiqué de presse. La colère de la Fédération est surtout fondée sur le fait que 202 employés de l’ONEE passeront sous la coupole de la Lydec avec tout ce que cela pourrait entrainer comme conséquence. «Ils vont passer du statut de fonctionnaire à celui de salarié. Non seulement ils vont perdre pleins d’avantages, mais la Lydec peut s’en débarrasser facilement, comme cela a été le cas au début des années 2000. Des fonctionnaires transférés ont fini par être licenciés», explique Omar Radi.

+7% sur la facture des ménages, +25% pour les usines

Par ailleurs, d’après ces organisations, la mise en œuvre de la convention de cession entrainera une augmentation de la facture de 7% pour les ménages concernés et de 20 à 25% pour les 1 900 usines situées dans ces communes. «Et cette augmentation se fait sans étude d’impact. Ce n’est pas normal», regrette M. Radi.

Contactée par nos soins, Lydec n’a pas voulu apporter d’autres explications que le contenu de la convention signée par les autorités. Selon la compagnie, le document répond à toutes ces critiques, nous signifie notre interlocutrice.

Front de défense du service public

Rappelons que l’exécution de ce transfert de gestion a déjà échoué à deux reprises, le 31 mars dernier, puis le 31 mai dernier, en raison de la mobilisation du personnel de l’ONEE contre cette décision.

Syndicat et associations entendent ainsi résister jusqu’à la «suspension du processus de cession». Après la manifestation de mardi, une réunion s’est tenue au siège de l’UMT à Casablanca pour la mise en place d’ «un front associatif de défense du service public dont le but est de contrecarrer le transfert de la gestion à Lydec», d’après Omar Radi. La Fédération, qui espérait «que le gouvernement privilégie les intérêts des citoyens et d'une institution publique à celui des capitaux étrangers», entend réclamer -à terme- l’ouverture d’une «enquête impartiale sur ce dossier et sur la méthodologie adoptée pour son exécution».

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